
Le 16 décembre, le centre hospitalier de Cornouaille (Quimper-Concarneau) a déclenché le plan blanc, pour réduire la pression sur les urgences. Comment se porte le service, une semaine plus tard ? Réponse de Yannick Sénéchal, directeur délégué du pôle médico-technique.
Pourquoi avoir déclenché le plan blanc ?
On est monté à plus d’une trentaine de patients qui étaient sur des brancards aux urgences, dans l’attente d’un lit de spécialité médicale ou chirurgicale. Le service était plein, H24. La situation n’était absolument plus supportable, pour les patients comme pour les agents. Ça nous a amenés à déprogrammer partiellement certaines activités pour pouvoir récupérer 21 lits (15 à Quimper, 6 à Concarneau).
Malgré ce dispositif, la tension reste importante aux urgences…
En début de semaine, on était à plus de vingt patients en attente d’un lit… Ce matin (jeudi), on en avait dix. Ce n’est pas une situation satisfaisante. Malgré tout, c’est quand même moins critique. On a également renforcé les effectifs soignants dans le secteur dit « alités » des urgences parce que, depuis quelques semaines, ce secteur est devenu un vrai service d’hospitalisation, ce qu’il ne devrait pas être.
On a pris un petit souffle d’air avec l’ouverture des lits. Malgré tout, ça reste vraiment difficile…
Comment expliquer cette situation ?
On a beaucoup de cas de grippe, de covid qui se présentent. Ce sont des patients que l’on doit isoler. Ce sont donc des chambres aux urgences (22 boxes d’auscultation) qui sont monopolisées pour ces patients. C’est la contrainte que subissent l’ensemble des centres hospitaliers de la région. Et c’est vrai aussi au Chic.
On n’a pas plus d’entrées. Si on regarde les volumes quotidiens, c’est relativement stable depuis plusieurs mois. Mais on constate que les patients qui entrent ont davantage besoin d’être hospitalisés. Et ce qui pose surtout problème, c’est qu’on n’arrive pas à faire sortir les patients de l’hôpital, notamment dans les services de gériatrie, de médecine polyvalente. De fait, quand les patients entrent, même si les volumes ne sont pas supérieurs, on n’arrive pas à les intégrer dans nos services.
Est-il possible de trouver des lits supplémentaires pour la médecine post-urgences ?
Aujourd’hui, notre bâtiment ne permet pas d’accueillir davantage de lits. La seule solution, ce serait de fermer d’autres lits, sur une activité qui serait considérée comme moins critique que la prise en charge des patients qui arrivent aux urgences. Mais c’est très compliqué. Il n’y a pas de solution évidente.
Ce genre de situation est-il, entre guillemets, classique, en cette période de l’année ?
Le service a subi de nombreuses situations de tension mais, depuis début octobre, c’est permanent. Et c’est compliqué. Au-delà du fait que la situation n’est pas facile à vivre pour les patients, on a des soignants qui sont fatigués par cette tension permanente. On ne constate plus ces moments d’apaisement qui permettent aux équipes de récupérer. On est tout le temps sur le fil.
Propos recueillis par Sophie BENOIT