
Grève, droit de retrait… Depuis des mois, le personnel des urgences de Quimper tente, par tous les moyens, d’alerter sur les conditions de travail et de prise en charge au sein du service. Lundi 20 novembre, il a adressé un courrier aux instances et aux politiques.
1-Un constat accablant
« Nous avons besoin de l’aide de chacun dans cette crise. Le personnel hospitalier veut croire à la santé publique en France, il a toujours fait de son mieux pour maintenir le système à bout de bras en s’adaptant sans cesse. Mais il est, aujourd’hui, à bout de souffle ». Voilà les dernières lignes d’un courrier expédié il y a quelques heures à la direction du centre hospitalier de Cornouaille, à l’Agence régionale de santé ou encore aux élus du territoire cornouaillais. Une lettre de l’équipe du service des urgences/Smur de Quimper-Concarneau, signée à ce jour par près de 180 soignants.
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2-Un personnel en souffrance
Les signataires évoquent « une charge de travail et une pression psychique difficiles à endurer ». Et insistent : « Malgré une franche motivation et un professionnalisme certain, le découragement gagne les équipes. Les départs s’accumulent et les recrutements deviennent de plus en plus compliqués ». Rappels sur les temps de repos, arrêts de travail en hausse et pas toujours remplacés, travail à effectif réduit semblent trop souvent devenir la norme. Selon le personnel, il manque « un tiers de l’effectif du centre hospitalier pour faire fonctionner correctement le service de Quimper, celui de Concarneau et les trois lignes de Smur ». Une situation « devenue intenable ».
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3-Des conditions d’accueil « honteuses »
Respecter la « dignité des patients » ; c’est l’une des principales difficultés auxquelles le personnel des urgences est désormais confronté, compte tenu des conditions de travail. Dans son courrier, il ne dit pas autre chose. Pour simple exemple, il évoque les toilettes, « souvent faites dans les couloirs ». Et précise : « Une journée type aux urgences ne débute pas avec des locaux vides. En fin de nuit, il existe au moins une cinquantaine de patients présents, dont plus de la moitié nécessite une hospitalisation. Tous ont été examinés et ont eu des soins, mais seuls ceux ayant besoin d’oxygène, d’un isolement, ou les personnes en fin de vie bénéficient d’un box (…). De plus en plus souvent, les patients se retrouvent dans des couloirs, des réserves, des bureaux, une salle de douche, ou dans les zones d’attente ». Un constat qui pousse le personnel à parler de conditions d’accueil « honteuses ».
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4 Tout un système à repenser
« Les difficultés des urgences reflètent les dysfonctionnements de tout le système de santé », assure le personnel. Le problème vient d’abord de l’amont, puisque les médecins généralistes, comme les spécialistes, ne sont plus assez nombreux pour répondre à la demande. Sans alternative, bon nombre d’habitants se tournent donc directement vers les urgences. L’autre problème se situe en aval : certains patients se retrouvent en quelque sorte bloqués aux urgences, les places n’étant pas suffisantes pour les transférer dans les services d’hospitalisation, en soins de suite et de réadaptation ou en Ehpad, par exemple.
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5-Pas de grève pour l’instant
Pour l’heure, aucun appel à la grève n’a été acté au sein du service. Dans son courrier, le personnel exhorte par contre la population à recourir aux urgences « en cas de nécessité impérieuse » seulement. « Et, en cas de doute, à prendre avis auprès de son médecin traitant ou du 15 ». Aux acteurs de la filière de soins, il demande aussi de « rechercher une solution alternative à leur problème », plutôt qu’à recourir « systématiquement » aux urgences. Un point essentiel pour contribuer au désengorgement du service.
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