La centaine d’occupants du cinéma désaffecté veulent ancrer leur lutte dans cette nouvelle « Maison du peuple ». Le 8 février déjà, des militants avaient investi la salle de la Cité avec le même objectif, avant d’en être délogés le lendemain.
« Bonjour, vous êtes les bienvenus à la Maison du peuple », salue une jeune femme, en accueillant le public à l’entrée de l’ancien cinéma l’Arvor, rue d’Antrain. Il est 14 h 30 dimanche, et une AG vient de commencer. Une assemblée générale interdite à la presse. Les organisateurs ont décidé, en tout début de réunion, que les médias ne pouvaient y assister.
Dans un communiqué diffusé dès samedi soir, les militants expliquent que cette « grande assemblée d’ouverture » est faite pour « penser la situation, et les perspectives du mouvement, et discuter ensemble du rôle qu’une Maison du peuple aura à y jouer ».
Des légumes pour Enedis
L’ancien cinéma est occupé depuis samedi soir par une centaine d’opposants à la réforme des retraites. Ils veulent en faire « un point d’ancrage » de la contestation, eux qui cherchaient depuis le début du mouvement « un lieu pour se réunir », indique un militant. Un programme scotché sur la façade mentionne à 17 h, un atelier « stratégie de rue, stratégie de mouvement », suivi à 19 h, d’une projection We want sex equality.
Les légumes à disposition sur le trottoir sont une sorte de caisse de grève en nature. « Ce n’est pas la première fois, poursuit le militant. On avait déjà distribué des légumes aux grévistes d’Enedis en novembre et décembre. »
Le 8 février déjà, plusieurs centaines d’étudiants avaient profité d’un meeting de la Nupes pour envahir et occuper la salle de la Cité, rue Saint-Louis, avec la même ambition de transformer l’endroit en Maison du peuple. Ils avaient été évacués par la police dès le lendemain.
Rue d’Antrain, le nouveau QG destiné à « enraciner la grève » réunit des étudiants mais aussi beaucoup de trentenaires, voire quarantenaires rompus aux luttes sociales, qui s’étaient déjà mobilisés au printemps 2016 contre la Loi travail. « Et toute tentative d’expulsion entraînera une manifestation de réoccupation », préviennent les occupants. « Alors que le gouvernement reste sourd à la contestation et persiste dans son projet mortifère, le mouvement d’opposition doit se donner les moyens de s’inscrire dans la durée et de s’intensifier. L’ouverture d’un lieu d’organisation pour le mouvement se veut une réponse à ce besoin. »
Auteur : Laurent LE GOFF.
Source : A Rennes, l’ancien cinéma transformé en « Maison du peuple » (ouest-france.fr)