
Par Florence LAMBERT
Ce mercredi 24 mai, de nombreux manifestants ont tenu à soutenir le maire mais aussi les demandeurs d’asile lors de la marche organisée pour Yannick Morez, maire démissionnaire de Saint-Brevin-les-Pins.
De très nombreuses écharpes tricolores, de multiples banderoles militantes, syndicales et associatives, ont coloré la marche organisée, ce mercredi 24 mai, à Saint-Brevin, à la suite de la démission du maire, Yannick Morez, éprouvé, en mars, par l’incendie de véhicules dans la cour de sa propriété et affligé par des menaces de mort. Plus de 1 500 personnes y ont participé.
La tribune a été occupée par des personnalités politiques nationales et de Loire-Atlantique, à commencer par la maire de Nantes, Johanna Rolland, à qui revient l’initiative de cette marche. Cette courte promenade dans la ville a conduit au maire démissionnaire qui, du perron de la mairie, a pris la parole, parfois stoppé par l’émotion d’un « On est avec vous ! »
Entouré de ses adjoints, Yannick Morez a réexpliqué les raisons de sa démission : le non soutien de l’État lorsque le déménagement du Centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada) a commencé à susciter haine et colère dans sa commune. Dans la foule, un couple et son fils de 14 ans n’en sont pas revenus de l’étiquette raciste accolée à leur ville : « On ne s’est pas reconnu là-dedans. On sait accueillir les migrants, ce n’est pas un sujet, insiste le couple. Nous sommes là parce que nous aimons notre ville et qu’on n’aime pas la façon dont elle a été dépeinte. »
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Un grand nombre de manifestants venaient de toute la Loire-Atlantique, les Brevinois n’étant pas majoritaires lors de ce défilé. Avec des réflexions plein la tête. Un ex-pharmacien de la commune, François, estime que Yannick Morez a respecté la mission que l’État lui a confiée, à savoir proposer le lieu d’accueil de migrants. « Je suis là parce que je trouve insupportable qu’on soit contre la présence d’un Cada dans les petites villes. Tous les centres d’accueil ne peuvent se situer dans le 93 ! » Naceem, de Saint-Nazaire, et la personne qui l’accompagne, marquent leur « soutien au maire face à l’extrême droite ». « La montée du fascisme m’angoisse », livre la jeune femme.
Soutien et respect
Richard, Yann et Pierre, trois résidents de Saint-Brevin, viennent eux aussi exprimer leur « soutien au maire », même s’ils ne partagent pas ses opinions. « Nous soutenons le Cada aussi, quand même, ajoute Richard. « La première raison de notre présence, c’est la démocratie, le respect des élus », conclut Pierre. « On est choqué de ce qui est arrivé à notre maire, commente Sébastien. Peu importe le sujet, les raisons de l’incendie : ce n’est pas possible ! »
Un autre Brevinois admire la courageuse décision du maire de démissionner. « Le soutien, il le fallait avant, c’est trop tard maintenant. On ne l’a pas entendu pendant plusieurs jours, il n’a répondu à aucun média. Quelle dignité ! Moi, je viens lui témoigner du respect. »
Chez les élus, Vincent Magré, maire de la Haie-Fouassière, voit cette marche comme « un rappel à la République, la nécessité de se réveiller face au danger de l’extrême droite ». Certains maires du pays de Retz étaient bien présents. En soutien eux aussi, au maire à qui ils peuvent s’identifier. « Je m’oppose à toutes formes de violence. Les maires sont les punching-balls de la République, j’aime bien cette formule, lance Séverine Marchand, maire de La Plaine-sur-Mer. On se sent parfois démunis, on aurait besoin d’un soutien de l’État. Ce n’est pas l’incendie qui a fait parler de Yannick Morez, c’est sa démission qui a fait autant de bruit ! »
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