
À Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le pôle de santé mentale d’Heinlex dispose de cinq unités d’hospitalisation. Malgré tout, la direction a pour projet d’en fermer une temporairement. Des agents montent au créneau.
Considérée par certains (1) comme « le parent pauvre du monde de la santé », la psychiatrie en France traverse une période délicate. Suppression de lits, ressources jugées insuffisantes, accumulation des tâches, difficulté à recruter… Les raisons du malaise sont multiples. À Saint-Nazaire, en psychiatrie adultes, le pôle de santé mentale (pôle E) n’échappe pas à la règle face à toutes ses difficultés.
Ce lundi après-midi, une quarantaine d’agents du secteur s’est réunie à Heinlex à l’appel du syndicat Force ouvrière. « Il y a quinze jours, nous avons eu une réunion avec la direction et il a été évoqué une fermeture d’une des trois unités d’admission de juin jusqu’à décembre, alerte Gaël Leturque, secrétaire du syndicat Force ouvrière. Une fermeture de six mois, connaissant la situation financière de l’hôpital, c’est un scénario sur lequel il faut être prudent car il y a potentiellement risque de fermeture définitive. »
L’ensemble du personnel soignant serait toutefois maintenu. Mais si cette éventualité de fermeture, même temporaire, se confirmait, ce ne serait plus cinq unités d’hospitalisation (trois unités d’admission et deux unités de réhabilitation), mais quatre toujours attachées à la psychiatrie adultes. Pour la direction, aucune hypothèse n’est arbitrée à ce jour. « On étudie encore les différents scénarios » , estime Christine Pelligand, directrice des affaires médicales au centre hospitalier.
Des fermetures de lits
Face à cette perspective, la quasi-majorité des agents présents a voté la grève. « Nous allons mettre en place un comité avec des agents volontaires » , assure Clair Guillet, secrétaire adjoint à FO. Le préavis de grève reconductible et son délai de prévenance de cinq jours laissent supposer un début de mouvement pour lundi prochain. « Il y aura sans doute des réquisitions, mais on ne fera alors que l’urgence, affirme l’un des agents. La direction déclare que seulement quatre lits seront fermés, mais en deux ans, ce ne sont pas moins de dix-neuf lits qui l’ont été. »
Selon l’hypothèse énoncée par le syndicat, le maintien de quatre unités de vingt lits chacune sera garanti. À ce jour, les différents services de psychiatrie comptent douze praticiens (psychiatrie 1, 2 et 3, unité intersectorielle de réhabilitation et unité intersectorielle de crise).
Chez de nombreux soignants, l’inquiétude repose bien sur les conséquences d’un tel scénario. « Il faut pourtant plus de temps médical en admission. Si on réduit la voilure, ce sera sûrement un turn-over plus large de nos patients, encore plus d’activité aux urgences et plus de difficultés avec des patients lourds ou violents. »
« Un abandon complet »
D’autres tiennent un discours plus direct. « Rien n’est fait pour qu’on maintienne la psychiatrie publique en place. C’est un abandon complet », s’indigne Vincent Blaquière, l’un des infirmiers en CATTP (Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel). Sur la question des difficultés liées au recrutement de personnel et de médecins-psychiatres, des reproches se font même sentir. « C’est la responsabilité de la direction. Aujourd’hui, on est trop dans la réaction. Le manque de candidats, on nous présente ça comme une fatalité, mais nous ne devons pas être la variable d’ajustement. Chaque travailleur a des droits. »
(1) tribune du psychanalyste clinicien Harold Hauzy parue chez nos confrères du Monde et publiée le 11 mars.
Benoit ROBERT
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/a-saint-nazaire-linquietude-des-agents-en-unites-de-psychiatrie-a-heinlex-of-fr-17-04-23/