À Stellantis, le nouveau patron Antonio Filosa se tourne vers les États-Unis (H.fr-23/06/25)

La nomination fin mai d’Antonio Filosa à la direction générale de Stellantis a acté le pivotement de la multinationale vers les États-Unis. © Alamy/ABACA

Six mois après l’éviction de Carlos Tavares, le nouveau directeur général du quatrième constructeur mondial a dévoilé son équipe dirigeante. Si les Français occupent le plus grand nombre de postes, les plus hautes fonctions et les priorités du groupe indiquent un recentrage vers les États-Unis, où Stellantis réalise ses plus importantes marges.

Par Stéphane GUERARD.

Stellantis est une multinationale aux savants équilibres géopolitiques. Fruit de la fusion des groupes français PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et italo-américain Fiat-Chrysler en 2021, le quatrième constructeur automobile mondial a rendu publics ses nouveaux équilibres internes ce lundi 23 mai en dévoilant sa nouvelle équipe dirigeante. Résultat : America first !

La page Carlos Tavares est bien tournée. Le grand patron franco-portugais qui avait conduit la constitution de ce mastodonte industriel et avait mené ses actionnaires vers des marges records à coups de plans d’économie, s’est vu pousser vers la sortie en novembre 2024 après une très mauvaise gestion des stocks de véhicules des marques américaines aux États-Unis, conduisant à une baisse des profits.

Maxime Picat vers Renault ?

Son éviction prononcée par le président du groupe John Elkann, descendant de la famille Agnelli fondatrice de Fiat et gestionnaire de leur holding financière Exor, avait symbolisé un déplacement du pouvoir de PSA vers Fiat-Chrysler, les Agnelli étant par ailleurs les premiers actionnaires avec 14,2 % du capital.

La nomination fin mai d’Antonio Filosa à la direction générale de Stellantis a acté le pivotement de la multinationale vers les États-Unis. D’autant que le directeur des achats du groupe, Maxime Picat, un temps pressenti pour prendre les commandes du groupe aux quatorze marques, vient de faire ses valises pour, peut-être, prendre les rênes de Renault après le départ surprise de son directeur général Luca de Meo.

Si l’Europe représente le premier marché du groupe en volume, l’Amérique du Nord est sa première zone en termes de bénéfices. Or ceux-ci ont plongé l’an dernier. Antonio Filosa, ex-directeur de Jeep, seule marque américaine autre que Tesla a tiré son épingle du jeu ces dernières années, devenu directeur de Stellantis pour l’Amérique du Nord et du Sud, a déjà été salué par le conseil d’administration de la multinationale pour avoir « réduit considérablement les stocks excessifs des concessionnaires, réorganisé l’équipe de direction, piloté l’introduction de nouveaux produits et powertrains, et intensifié le dialogue avec les concessionnaires, les syndicats et les fournisseurs ».

Il aura à gérer un autre dossier important : l’augmentation des droits de douane états-uniens sur les importations. Le créateur de la giga-usine brésilienne de Pernambuco au Brésil, censée irriguer l’Amérique du Sud, devra-t-il organiser le rapatriement d’une partie de la production des usines Stellantis mexicaines aux États-Unis sous la pression de Donald Trump ?

Des électriques enfin abordables ?

L’Europe ne sortira pas pour autant de son viseur. Antonio Filosa doit faire face au scandale des air bags Takata ainsi qu’au fiasco des moteurs Puretech. Il a surtout à accélérer le déploiement de l’électrique à des prix abordables. Le lancement de la Fiat Grande Panda, hybride et électrique, mardi 24 juin à Turin (Italie), doit symboliser cette accélération qu’avait déjà envisagée Carlos Tavares avec le lancement de la Citroën C3.

Le nouvel homme fort de Stellantis a tout de même donné des gages à ses actionnaires français : la famille Peugeot (7,1 %) et l’État français (6,1 %). Sa première visite de site fut pour l’usine historique de Peugeot, à Sochaux (Doubs). Annoncée ce lundi, sa nouvelle équipe de direction de Stellantis, dite « SLT » (Stellantis Leadership Team), compte douze personnes, dont six Français, trois Américains, trois Italiens.

Parmi les « frenchies », Jean-Philippe Imparato continue de diriger la région Europe et marques européennes. Philippe de Rovira cumule la région « reste du monde » et les services financiers de Stellantis. Sébastien Jacquet, vétéran de l’ingénierie chez PSA, demeure directeur mondial de la qualité.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/automobile/a-la-tete-de-stellantis-le-nouveau-dg-antonio-filosa-se-tourne-vers-les-etats-unis

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