Environ 150 personnes se sont rassemblées, ce lundi 8 septembre 2025, devant l’Hôtel de Ville de Vannes (Morbihan) pour célébrer la chute du Premier ministre François Bayrou. Un apéro convivial et informel, prélude à la journée d’action de mercredi.
Par Mélanie BÉCOGNÉE et Nicolas EMERIAU.
« On est content », lance un jeune, à peine arrivé sur la place de l’Hôtel de Ville de Vannes (Morbihan). Et un autre d’ajouter : « 364 voix ont dit dehors. » Il est un peu plus de 19 h et les groupes disséminés se rassemblent à proximité des marches de la mairie. Le « pot de départ de Bayrou », « apéritif convivial et informel », proposé par le mouvement « Bloquons tout » commence.
Gilbert et Pascale sont parmi les premiers arrivés. « Nous sommes là à cause de l’injustice sociale, de tout ce qui se passe, surtout depuis que Macron est là », confie-t-elle. Lui refuse de parler de colère : « Ce n’est pas ça. C’est un rejet viscéral de toutes leurs politiques, de tous leurs comportements. Le dénigrement du peuple, le mépris affiché par Macron… » Ces deux retraités assurent « ne pas avoir arrêté depuis 68. On était à toutes les manifs ! » Gilets jaunes inclus : « Nous sommes pour ceux qui sont contre leur politique, parce qu’on n’en veut plus. »
Des amis sont venus les rejoindre. « Nous ne sommes pas là ce soir pour un changement de gouvernement, indique Bernard, militant de La France insoumise. Nous voulons un changement de président pour faire respecter la démocratie. Confier le pouvoir au plus petit parti de l’Assemblée Nationale, ce n’est pas respecter la démocratie. »
Avec Gilbert, il estime que « ce n’est pas à Vannes qu’il y aura le plus de monde ». Mais ils sont prêts à s’investir dans la durée : « Je suis en retraite. J’ai tout mon temps. Nous nous battons pour un changement de société. »
À quelques mètres de là, trois jeunes actifs restent en retrait. « On ne sait pas trop ce qu’il va se passer mercredi et de manière générale sur la mobilisation. Nous sommes venus pour en savoir plus », confie Annaëlle. C’est en cherchant sur Internet qu’elle a découvert que la manifestation s’accompagnerait de blocages de ronds-points. « On vient aussi pour voir ce qui est revendiqué. Ce n’est pas limpide sur les idées. On veut savoir avec qui on va manifester. Si on s’associe ou pas à la cause. » Ses amis acquiescent. L’un d’eux s’est déjà fait un avis : « Vu la musique, ça ne ressemble pas à un rassemblement d’extrême droite. »
Le trio évoque ses précédentes manifestations à Paris ou Lyon, se demande comment le mouvement sera suivi à Vannes. « Les gens ne semblent pas beaucoup se mobiliser et, forcément, ça ne donne pas envie aux autres d’y aller », regrettent-ils.
« Bayrou, c’est anecdotique »
Plus loin, Marie, 78 ans, et Flore-Anne, 50 ans, une mère et sa fille, de la région vannetaise : « On est venues pour le rassemblement citoyen, pas forcément pour faire la fête. Le départ de François Bayrou est une bonne chose, mais la situation est plutôt triste. On vient voir ce qu’il en est, comment va se passer la suite. »
Un couple d’amis, 58 et 61 ans, « camarades de lutte », voit en cette soirée « un vrai pot de départ de l’un de nos grands maltraitants ». Issus d’un « petit collectif de citoyens », ils réclament un « mandat impératif pour que les gouvernants fassent ce pour quoi ils ont été élus, sous peine de révocation. On vote pour des gens qu’on ne connaît ni d’Ève, ni d’Adam, qui peuvent faire ce qu’ils veulent pendant cinq ans. Leurs promesses n’ont aucune valeur. On leur donne le pouvoir et ils en font ce qu’ils veulent. »
Pour Jean-Luc, 63 ans, de Carnac, « Bayrou, c’est anecdotique. On a l’opportunité d’aller vers un autre système que beaucoup d’organisations de gauche appellent de leurs vœux. On est très nombreux à aspirer à une société plus égalitaire. Il faut une rupture, un vrai changement. Une révolution pacifique. »
« Ce départ est un sacré soulagement. Ce budget, c’était un budget de destruction des services sociaux, estime François, 19 ans, étudiant à Vannes. On a fait sauter Barnier, on a fait sauter Bayrou, à quand le tour de Macron ? »
« Ce n’est pas une surprise, mais on est content. Ce n’est qu’une première étape », confirme Michel, 64 ans, de Vannes. La suite, qui se jouera à partir de mercredi, s’est discutée sur les marches de la mairie, vers 20 h. Lors de cette assemblée citoyenne, les journalistes ont été priés de partir.
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