À Lannion, le service des urgences fonctionnera au ralenti les nuits des 14, 15 et 16 juillet, faute de personnel. Les pompiers se préparent à un week-end difficile, et dénoncent l’usure que cette situation créée chez les volontaires.

« Trois nuits de régulation des urgences de suite, on n’a jamais connu ça, de mémoire de Lannionnais. Et ça fait trente ans que je suis là ! », s’exclame Sébastien Guégan, pompier affecté au centre de secours de Lannion et représentant syndical CGT au Sdis 22. (Le Télégramme/Jérôme Bouin)
« Trois nuits de suite on n’a jamais connu ça, de mémoire de Lannionnais. Et ça fait trente ans que je suis là ! », s’exclame Sébastien Guégan, pompier affecté au centre de secours de Lannion et représentant syndical CGT au Sdis 22. Alors qu’ils aménagent leurs stands sur le quai d’Aiguillon, pour le bal de ce jeudi 13 juillet, les pompiers de Lannion s’inquiètent des trois nuits de limitation d’accès aux urgences du centre hospitalier de Lannion, les 14, 15, et 16 juillet 2023.
« On ne peut pas se projeter sur ce qu’il va se passer, mais si l’activité opérationnelle devait être conséquente, ça aura un impact sur nous, explique-t-il, et le week-end du 14 juillet est un week-end où potentiellement, on peut avoir une forte surcharge opérationnelle ».
Des interventions à rallonge
Car les nuits où les urgences de Lannion sont fermées ou presque, les pompiers sont mobilisés pour transporter les patients vers les hôpitaux de Guingamp, Paimpol ou Morlaix. « Quand vous devez faire un transport sur Morlaix, vous mobilisez trois pompiers sur un temps plus long, trois-quarts d’heure de plus à l’aller, et trois-quarts d’heure de plus au retour. Ce temps-là, ils ne sont pas disponibles pour effectuer des missions d’urgences vitales ou d’incendie, précise-t-il, et parfois on est obligés pendant ce temps de faire venir les pompiers de Tréguier sur Lannion. Ça rallonge le délai d’intervention. » Ces interventions à rallonge, jusqu’à Guingamp ou Morlaix, créent une charge de travail supplémentaire pour les pompiers. Les plus touchés sont les pompiers volontaires.
« Une usure qui s’installe » chez les pompiers volontaires
« Alors que les pompiers professionnels font des gardes de 12 h ou 24 h, suivies d’un repos compensatoire, les volontaires exercent bien souvent un autre métier, à côté de leur activité de pompier. Ils doivent donc retourner au travail le lendemain, et ne bénéficient pas de repos supplémentaire. « Il y a une usure qui s’installe, alerte Sébastien Guégan. Quand vous passez votre nuit dehors pour aller jusqu’à Paimpol, Guingamp ou Morlaix, c’est compliqué au boulot le lendemain ».
Ces conditions de travail contribuent à dégrader l’attractivité du statut de pompier volontaire. « Il est difficile de pérenniser les pompiers volontaires, explique-t-il, ils font cinq ou six ans, puis ils arrêtent. L’activité opérationnelle met à mal leur vocation. » Pour le syndicaliste, les difficultés actuelles interrogent : « Ça questionne jusqu’où on peut aller avec le volontariat. Pourtant, les pompiers volontaires sont indispensables. »
Auteur : Elodie Papin
URL de cet article : Accès limité aux urgences de Lannion : « Trois nuits de suite, on n’a jamais connu ça », s’alarme un pompier (LT.fr 13/07/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)