
La base opérationnelle de l’île longue, à Crozon (Finistère), va procéder à un exercice d’envergure nationale, les 6 et 7 mai 2025. Il s’agit de tester les dispositifs existants en cas d’accident nucléaire. Plusieurs perturbations sont à prévoir dans les communes alentour mais aucune réaction de la population n’est demandée. Pourquoi ? Comment ?
Par Carole TYMEN.
En quoi l’exercice des 6 et 7 mai 2025, à la base opérationnelle de l’île longue, est-il exceptionnel ?
Des exercices d’anticipation ont lieu régulièrement à la base opérationnelle de l’île longue, qui abrite les sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de la Marine française. Celui-ci est de niveau 4, ce qui est le plus haut.
Il s’agit d’un exercice d’ampleur nationale avec implication des personnels de la base, des collectivités locales voisines, de la préfecture maritime de l’Atlantique, de la préfecture du Finistère et des Autorités de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR).
Lire aussi : La construction des nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins commence en Normandie
« On joue l’échelon parisien et ministériel », a expliqué l’amiral Cyril de Jaurias, adjoint au commandant d’arrondissement maritime Atlantique et commandant de la base de défense de Brest-Lorient, mardi 22 avril 2025, lors d’une présentation de l’événement à la population. « S’il se passe quelque chose sur la base, ça remonte forcément dans les plus hautes sphères. En pareil cas, chacun doit savoir que faire. »
Pourquoi un tel exercice en 2025 ?
Rien d’anormal selon les autorités. « Un tel exercice est fait tous les trois-quatre ans environ. Il s’agit de tester les dispositifs existants en cas d’accident nucléaire et d’exposition radiologique », rassure l’amiral de Jaurias. « On a le devoir de l’entraînement, c’est de la défense en profondeur, explique le commandant de la base de l’île longue, le capitaine de vaisseau Ivan Charvoz. L’accident nucléaire est peu probable, on travaille à le rendre encore plus improbable. »
En quoi ces sous-marins sont-ils doublement nucléaires… Et donc sensibles ?
Les sous-marins lanceurs d’engins fonctionnent grâce à une chaufferie qui est une mini-centrale nucléaire, située dans la partie arrière du navire et d’une puissance de 150 mégawatts.
L’autre élément nucléaire embarqué, ce sont les missiles (16 missiles avec chacun 6 à 10 têtes thermonucléaires). Cette puissance représente une capacité de destruction équivalente à 1 000 fois la première bombe atomique, larguée sur Hiroshima (Japon, 1945).
Lire aussi : Tout savoir sur les nouveaux sous-marins de la dissuasion nucléaire
Quels sont les risques majeurs sur une telle zone militaire ?
Deux types d’accident sont possibles. Un incident sur une chaufferie ou sur l’armement du bateau, qui entraînerait une « situation radiologique d’urgence », avec des rejets de particules radioactives dans l’atmosphère. Mais « rien à voir » avec les accidents majeurs de Tchernobyl (Ukraine, 1986) ou de Fukushima (Japon, 2011), « compte tenu des quantités de matière (N.D.L.R. : moindres) », tempère l’amiral Cyril de Jaurias.
Lire aussi : ENTRETIEN. Les confidences d’un ex-pacha de sous-marin nucléaire
Quels seront le scénario et les perturbations possibles ?
Les 100 marins-pompiers, 29 marins de radioprotection et les personnels médicaux de la base ne sont pas au courant du scénario catastrophe avant le jour J. Et ce, pour plus de réalisme dans les réactions et le déclenchement des process. Ce que l’on sait, c’est que l’exercice se passera en deux temps. Mardi 6 mai 2025, la simulation se jouera en interne, au sein de la base, et devrait engendrer peu ou prou de perturbations à l’extérieur.
Mercredi 7 mai, en revanche, l’exercice aura des conséquences sur la population puisqu’il sera question d’une simulation de rejet de matière radioactive dans l’atmosphère. Un scénario qui s’accompagnera d’une simulation de contamination radiologique de la population.
Cinq communes, situées dans une zone de 2 500 m autour de la base, sont concernées par le plan d’intervention et donc par l’exercice. Il s’agit de Crozon, Lanvéoc, Roscanvel, Camaret-sur-Mer et Plougastel-Daoulas.
Mercredi 7 mai, entre 9 h et 9 h 30, les téléphones mobiles situés dans cette zone recevront un SMS accompagné d’une alerte sonore bien spécifique, de la part de Fr-Alert, leur annonçant la tenue de l’exercice. « Même les téléphones en mode avion sonneront », souligne la directrice de cabinet du préfet du Finistère, Camille Dagorne.
Les sirènes d’alerte de l’île Longue retentiront à la même heure. Un poste de commandement opérationnel (PCO), en charge de coordonner les (faux) secours, sera installé dans la mairie de Crozon. Des équipes de pompiers et militaires seront amenées à se déplacer entre ces deux points. Des barrages filtrants seront installés le long des routes situées autour de la base et tenus par les gendarmes mais seront « non contraignants pour aller faire ses courses ou son sport ». Une partie de l’exercice sera « jouée » avec les élèves de Jean-Jaurès et du collège Alain dès le mardi. Il s’agira de leur mise en sécurité.
« Il s’agit bien d’un exercice, a souligné la directrice de cabinet du préfet du Finistère, Camille Dagorne. Cela n’attend aucune réaction de la part de la population. »
Iode
Depuis janvier 2025, une campagne de mise à disposition préventive de comprimés d’iodure de potassium (iode stable), censés protéger la thyroïde en cas de rejet accidentel d’iode radioactif, est organisée pour la population résidant ou travaillant dans les communes situées dans le périmètre est en cours. Le retrait des comprimés se fait en pharmacie, sans justificatif.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/accident-nucleaire-la-base-des-sous-marins-de-lile-longue-au-coeur-dun-exercice-national-of-fr-1-05-25/