Adeline Hazan, présidente d’Unicef France : « 31 enfants sans-abri sont morts dans la rue en 2024, c’est intolérable » (H.fr-28/08/25)

Avec la publication du septième baromètre « enfants à la rue » de l’Unicef, Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France, dénonce le manque de logements sociaux pour les enfants à la rue.© UNICEF

Entretien réalisé par Scarlett BAIN.

Comment caractérisez-vous cette situation ?

Nous sommes indignés. Nous estimons qu’un pays comme la France ne peut pas accepter, qu’au cours d’une nuit du mois d’août, 2 159 enfants aient dormi à la rue.

Nous sommes absolument scandalisés de savoir que 31 enfants en 2024 sont morts dans la rue. C’est intolérable. Depuis 2019, c’est notre septième baromètre, une fois de plus, nous alertons le gouvernement et les parlementaires sur la gravité de cette situation.

Quelles en sont les principales causes ?

La chaîne du logement en général dysfonctionne complètement. Il n’y a absolument pas assez de constructions de logements sociaux et très sociaux. Par voie de conséquence les personnes qui devraient en bénéficier se retrouvent dans les centres d’hébergement d’urgence qui sont saturés.

Il faudrait mettre en place un plan pluriannuel « de la rue au logement » pour en finir avec le sans-abrisme. Ensuite, il y a une augmentation importante du nombre d’expulsion qui s’explique par évolutions législatives. La dernière en date, la loi Kasbarian les a facilités.

Dans la loi de refondation de Mayotte, le législateur a supprimé l’obligation de reloger les personnes après leur expulsion d’un bâti insalubre. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que le droit au logement est un pilier de la Convention internationale des droits de l’enfant. Quand il est bafoué, c’est aussi le droit à l’éducation et à la santé qui sont atteints. Un enfant qui a dormi à la rue gardera sur le long terme des séquelles sur le plan social et psychologique.

Comme jugez-vous l’action politique en la matière ?

En 2022, le ministre du Logement, Olivier Klein avait dit : « Zéro enfant à la rue à la fin de l’année. » Mais c’est un slogan, derrière il n’y a pas de volonté politique de mettre les moyens correspondants. C’est seulement grâce à la pression du secteur associatif que nous avons par exemple réussi à obtenir que le nombre de places en centre d’hébergement soit maintenu.

Aujourd’hui, il en existe 203 000. Mais pour autant on estime qu’il en faudrait au bas mot 10 000 de plus. Or, pour le moment, on n’a absolument pas été écouté sur cette nécessaire augmentation. Nous avons toutefois réussi à faire voter à l’unanimité une résolution au Sénat sur le sans-abrisme des enfants.

Elle va arriver à l’Assemblée nationale et nous espérons qu’elle passera. Mais plus globalement, Il n’y a pas de véritable volonté politique pour enrayer la pauvreté qui ne cesse de gagner du terrain. La situation politique de notre pays depuis un an a des conséquences néfastes sur la continuité de l’action publique.

Nous avons connu en deux ans trois ministres du logement différents. Là on ne sait pas ce qui va se passer dans les prochaines semaines mais forcément il va y avoir des conséquences sur le budget.

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Source: https://www.humanite.fr/societe/droits-de-lenfant/adeline-hazan-presidente-dunicef-france-31-enfants-sans-abri-sont-morts-dans-la-rue-en-2024-cest-intolerable

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/adeline-hazan-presidente-dunicef-france-31-enfants-sans-abri-sont-morts-dans-la-rue-en-2024-cest-intolerable-h-fr-28-08-25/

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