Le trafic aérien devait reprendre ce mardi à l’aéroport Brest Bretagne. Il ne sera finalement pas rétabli avant jeudi. Un très mauvais coup pour l’image du premier aéroport breton, qui redécollait enfin.
Par Hervé CHAMBONNIERE
Au moins quatre jours d’arrêt. Le trafic aérien de l’aéroport Brest Bretagne ne reprendra pas avant jeudi, a indiqué mardi, dans un communiqué, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Elle reste en revanche muette sur les questions que Le Télégramme lui a posées ce mardi matin, après l’orage de la nuit de samedi à dimanche.
« Fait rarissime »… mais incidents à répétition
« Malgré les équipements de protection qui équipent la tour de contrôle et l’ensemble des installations, l’antenne principale et tous les systèmes techniques qui y sont associés ont été foudroyés. Fait rarissime, l’antenne secondaire a également été foudroyée, bien que n’étant pas située au même endroit », poursuit le communiqué. C’est pourtant le troisième incident en moins de trois ans, comme Le Télégramme le révélait dès lundi.
« La date communiquée par la DGAC est à prendre avec prudence, avertit le syndicat Unsa-Iessa (ingénieurs électroniciens des systèmes de la sécurité aérienne). Il faut tout inspecter, installer les nouveaux équipements et contrôler ensuite, selon des protocoles stricts, que tout fonctionne ». Et trouver une explication au fait que les dispositifs antifoudre ont été une nouvelle fois inopérants.
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Effectifs de maintenance divisés par deux, et bientôt délocalisés ?
Les quatre personnels de la maintenance de Brest, qui dépendent du Service de la navigation aérienne (SNA), lui-même rattaché à la DGAC, sont sur le pont depuis ce mardi matin. La veille, deux autres membres du SNA, dont un de Nantes, avaient été dépêchés sur site. En vain.
« Nous alertons depuis trois ans sur ce risque d’incidents, déplore Céline Lejemble, co-secrétaire locale de l’USAC-CGT. La réorganisation imposée par l’État en 2019 a abouti à supprimer cinq des neuf postes au sein de l’équipe de maintenance locale. Il faut un effectif minimum de cinq pour organiser des astreintes. Elles ont donc été supprimées, avec les conséquences que l’on connaît désormais. »
« On assiste à un changement de mentalité sur la question de la sécurité de la part de la DGAC, estime un représentant syndical de l’Unsa-ICNA (Ingénieurs contrôle navigation aérienne). Auparavant c’était risque zéro. Aujourd’hui, tout est calculé en fonction des coûts et de risques statistiques. Et la réalité peut faire mentir les statistiques. La preuve. »
L’existence même de la maintenance locale serait menacée, selon les syndicats interrogés. « Il est prévu qu’elle soit délocalisée à Rennes et Nantes, avec les temps d’intervention que cela implique. C’est incompréhensible et hallucinant », souffle l’autre co-secrétaire local de l’USAC-CGT, Nicolas Viennot.
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« Inquiétant et déplorable », selon la CCI
D’autant plus incompréhensible, qu’après un trou d’air entre 2020 et 2022, l’aéroport brestois reprenait son envol, avec l’arrivée des compagnies Celeste (vols vers Paris et régions) et Volotea. La compagnie à bas coûts espagnole avait annoncé en novembre dernier l’implantation de sa neuvième base hexagonale à Brest, avec la création de « 30 emplois directs et près de 170 indirects », un Airbus A 320 à résidence à partir d’avril et la création, dans un premier temps, de 13 nouvelles destinations.
La situation actuelle hérisse la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Bretagne ouest, qui exploite l’aéroport. « C’est inquiétant et déplorable. On est en colère, réagit Claude Ravalec, son président. On va se réunir cette semaine et décider des suites à donner. Nous allons mener toutes les actions nécessaires afin que ce genre de situation n’arrive plus jamais. » Selon Claude Ravalec, l’incident affecte 2 000 passagers par jour. Soit près de 8 000 au total, si le trafic reprend bien jeudi matin, comme annoncé.
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