Affaire Le Scouarnec : « Que les victimes soient entendues dans un climat serein et digne », espèrent deux avocates (LT.fr-24/02/25)

Mes Céline Alstolfe et Louise Aubret-Lebas : « Il y a le sujet de la garantie d’honorabilité des médecins au contact des enfants. Il faut envisager une réforme du code la santé publique » (Le Télégramme/Thierry Charpentier)

Ce lundi, s’ouvre le procès Le Scouarnec, au cours duquel deux avocates de la partie civile, Mes Aubret-Lebas et Astolfe veulent faire entendre la parole de leurs clients. Elles souhaitent également mettre sur la table les liens trop distendus entre médecine et justice.

Par Thierry CHARPENTIER.

Me Louise Aubret-Lebas est avocate au barreau de Vannes, cette ville bretonne dont sont originaires 214 victimes du chirurgien Joël le Scouarnec, toutes opérées au sein de la clinique du Sacré-Cœur entre 1994 et 2004. Me Aubret-Lebas défendra 16 victimes directes du pédocriminel, ainsi que cinq victimes indirectes, des parents et le conjoint d’une partie civile.

Me Céline Alstolfe est inscrite au barreau de Paris, et porte de longue date la voix de la fondation de l’enfance lors de nombreux dossiers mettant en cause des pédocriminels.

« Que leur parole ne soit pas dissoute »

Pour les deux plaideuses, l’un des défis du procès sera de laisser la place aux parties civiles. Leurs premiers échanges avec la présidente de la Cour Criminelle, Aude Burési, leur laissent penser que la magistrate aura « le souci de les laisser s’exprimer. Pour notre part, nous ferons des efforts constants pour que leur parole ne soit pas dissoute par la place que va prendre la parole de l’accusé. Que les victimes soient entendues dans un climat serein et digne, c’est notre objectif ».

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Que pensent-elles de la nécessité d’installer les victimes dans deux salles, en raison de leur nombre ? « Ce n’est pas l’idéal, mais ce sera aussi un moyen de les protéger ». Me Aubret-Lebas ajoute : « Il était primordial que le procès se tienne à Vannes ».

« Il faut que justice et médecine communiquent ! »

Toutes deux attendent également « un renforcement de la protection de l’enfance, la mise en place de protocoles efficients. Il y a le sujet de la garantie d’honorabilité des médecins au contact des enfants. Il faut envisager une réforme du code de la santé publique. Il faut que justice et médecine communiquent ! Une fois qu’un médecin est sanctionné par la loi, il faut que l’information soit traitée de façon efficiente ». Me Alstolfe martèle : « Il y a une vraie méconnaissance de ce qu’est la détention d’images pédopornographiques. Ce ne sont pas des images, ce sont des agressions filmées ! ».

« Fonctionnement arriéré »

Dans le cas de Joël le Scouarnec, condamné en 2005 pour détention d’images pédopornographiques, « l’organe de nomination des praticiens hospitaliers, le conseil de l’ordre et les établissements eux-mêmes se sont renvoyés la balle. Comme personne ne savait qui prenait la décision, personne ne l’a prise », déplore Me Alstolfe.

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Un autre élément leur semble crucial : La détection des signes. « Dans ce dossier, des dizaines d’enfants ont manifesté divers signes, comme des infections urinaires à répétition. Ils ont vu des professionnels. Aucun n’a fait le lien. On est resté sur une logique clinique et non psychologique. C’est un fonctionnement arriéré ».

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Source: https://www.letelegramme.fr/bretagne/affaire-le-scouarnec-que-les-victimes-soient-entendues-dans-un-climat-serein-et-digne-esperent-deux-avocates-6765936.php

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