
Les deux actions organisées par Extinction Rebellion le jour de l’assemblée générale de TotalEnergies ont tourné court, au siège de la BNP Paribas, puis devant le Sacré-Cœur. Neuf personnes ont été interpellées.
Par Amélie QUENTEL et NnoMan CADORET (photographies)
« Du pétrole ! Du pétrole ! Et pour le climat et la biodiversité, on aura le temps le plus tard ! » Il était environ 9 h 15, vendredi 23 mai, quand quatre membres d’Extinction Rebellion (XR) ont lancé en l’air des billets, tout en déversant un liquide de couleur noire sur le sol du hall du siège social de la BNP Paribas, boulevard Haussmann, à Paris.
Ils célébraient à leur façon l’assemblée générale de TotalEnergies, organisée le même jour, en dénonçant le financement par l’établissement bancaire du géant pétrogazier français et, a fortiori, des énergies fossiles, premières responsables des émissions de gaz à effet de serre.
« Notre maison brûle et nous regardons la flamme »
Affublés d’une veste de costume grise et d’un masque blanc portant le logo de TotalEnergies, ils et elles buvaient du Champomy en guise de champagne. Il était, cela dit, difficile d’entendre distinctement les propos des activistes : à l’entrée du bâtiment, c’était le chaos.
Alors que d’autres militants tentaient de pénétrer à l’intérieur de l’édifice, des agents de sécurité les repoussaient violemment. « Lâchez-moi ! » criait un jeune homme, tandis qu’au même moment, une jeune femme collait sur la devanture une affiche verte disant « Notre maison brûle et nous regardons la flamme ».

À peine quelques minutes plus tard, une grosse vingtaine d’agents de la Brav-M débarquaient avant d’expulser brutalement les militants, sous le regard interloqué d’employés de la banque, attendant de pouvoir rentrer dans l’établissement.

« La BNP est la banque qui finance le plus les énergies fossiles alors qu’il y a urgence : on est en train de crever. Total, entreprise désastreuse, tant du point de vue humain qu’environnemental, est vraiment emblématique du cynisme absolu de ces grandes compagnies pétrolières face à la destruction du monde », a tancé Fred, membre de XR, le regard tourné vers les activistes retenus par la police le long de la façade. Vers 10 h 15, sept personnes ont finalement été interpellées.
Une « contre-AG » qui tombe à l’eau
Dans l’après-midi, une contre-assemblée générale était organisée par d’autres membres d’Extinction Rebellion, mais leur action a tourné court. La banderole « Assemblée de l’énergie » installée sur le belvédère du Sacré-Cœur n’est pas restée visible longtemps, retirée après quelques secondes par des policiers.

« L’idée est de proposer une contre-AG dans un endroit hyper touristique. Nous voulons débattre avec les gens présents afin de réfléchir tous ensemble à une transition écologique et sociale et à comment sortir des énergies fossiles », a expliqué Sima, activiste chez XR, juste avant d’être nassé par la Brav-M.
La contre-AG n’a de fait pas eu lieu : les bancs, drapeaux et fresques informatives amenés par les militants écologistes ont été démontés par des policiers venus en nombre (une quarantaine, soit autant que les activistes) quelques secondes après avoir été installés. « On est dix ans après l’Accord de Paris et Total continue à développer ses projets gaziers et pétroliers. Et, alors qu’on a besoin d’une réflexion démocratique et citoyenne sur la consommation d’énergie, on voit que même une mobilisation pacifique comme la nôtre dérange trop le pouvoir », a dénoncé un membre des Scientifiques en rébellion venu en soutien.

Deux personnes accusées d’être à l’origine d’une manifestation non déclarée ont été placées en garde à vue, tandis que celles retenues dans les deux nasses étaient sommées de décliner leur identité pour pouvoir en sortir.
« Deux poids deux mesures »
Venue participer à l’événement, qui prévoyait des prises de parole de plusieurs organisations, dont Reclaim et CarnageTotal, l’eurodéputée Manon Aubry (La France insoumise) a déploré un « deux poids deux mesures ». « Cela pose question de voir que des militants néonazis ont été autorisés à manifester dans Paris le 10 mai, mais que des activistes écolos pacifistes voulant seulement débattre de l’impact climaticide de Total ne puissent pas le faire », a-t-elle déclaré.

« Ils immobilisent les gens pour trois drapeaux ? », a de son côté lancé une touriste passant par là. D’autres promeneurs n’étaient, semble-t-il, pas vraiment intéressés par la scène : gageons qu’Instagram regorge déjà de selfies pris en dessous du Sacré-Cœur… et juste à côté des militants entourés par la Brav-M.

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Source: https://reporterre.net/AG-de-Total-9-interpellations-lors-d-actions-dans-Paris
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