
Nitrates, phosphore, pesticides… Ces pollutions d’origine agricole ont dégradé la qualité de l’eau en Bretagne. Les taux de nitrates sont aujourd’hui en baisse. Mais les pesticides inquiètent.
Des pollutions d’origine agricole ont dégradé la qualité de l’eau en Bretagne. Où en est-on de la pollution des cours d’eau ? On démêle le vrai du faux.
La majorité des cours d’eau bretons sont en bon état écologique ?
C’est faux. Seules 34 % des masses d’eau superficielles sont en bon état écologique en Bretagne. C’est ce qu’indique l’Agence de l’eau Loire-Bretagne. C’est mieux que dans les Pays de la Loire (11 %) mais moins bien que la moyenne nationale (40 %). Une eau en bon état est une eau qui permet une vie animale et végétale riche et variée, exempte de produits toxiques et disponible en quantité suffisante. L’objectif de l’Agence de l’eau est d’avoir 61 % des masses d’eau superficielles en bon état écologique en 2027 en Bretagne.
La Bretagne est particulièrement concernée par la pollution due aux nitrates ?
C’est vrai. La Bretagne demeure la région de France la plus concernée par la problématique des nitrates, avec notamment 100 % de sa surface classée en zone vulnérable et huit baies particulièrement affectées par les algues vertes. Le classement en zone vulnérable veut dire que la teneur en nitrates reste supérieure à 18 mg par litre (mg/l) dans les eaux de surface, c’est-à-dire les cours d’eau et les retenues qui alimentent en eau potable 75 % de la population bretonne. Une eau dont la teneur en nitrates dépasse 50 mg/l n’est pas potable.
Les nitrates dans l’eau sont essentiellement d’origine agricole ?
C’est vrai. Les nitrates rejetés dans l’eau en Bretagne proviennent à plus de 90 % de l’agriculture (engrais minéraux et effluents d’élevage). Il s’agit de la forme la plus oxydée de l’azote, minéral ou organique, utilisé pour fertiliser les cultures. La partie des nitrates non consommée par les cultures reste présente dans le sol. Les eaux de pluie, en ruisselant ou en s’infiltrant, peuvent entraîner ces nitrates vers les cours d’eau et les nappes phréatiques. Ce risque est particulièrement élevé quand la végétation est au repos ou absente, en automne et en hiver.
https://public.tableau.com/views/Etatdeslieux2019-MECE/Histoire1?:embed=y&:showVizHome=no&:host_url=https%3A%2F%2Fpublic.tableau.com%2F&:embed_code_version=3&:tabs=no&:toolbar=yes&:animate_transition=yes&:display_static_image=no&:display_spinner=no&:display_overlay=yes&:display_count=yes&:loadOrderID=0
La pollution par les nitrates est en diminution ?
C’est vrai. Bretagne eau pure, Plans d’actions régionaux nitrates, Prolittoral, Plans de lutte contre les algues vertes… Les différents plans de reconquête de la qualité des eaux menés depuis une trentaine d’années ont porté leurs fruits. La teneur en nitrates dans les cours d’eau bretons a baissé au cours de la période 1995-2020. Elle est passée de plus de 50 mg/l en moyenne dans les années 1990 à 32,1 mg/l en 2020. « En matière de nitrates, l’évolution est relativement bonne », estime Arnaud Lécuyer, vice-président du conseil en charge de l’agriculture. Depuis 2015, cependant, les concentrations ne diminuent plus.
Les nitrates sont la principale source de pollution des eaux de surface en Bretagne ?
C’est faux. L’Agence de l’eau Loire-Bretagne estime que les pollutions diffuses dues aux nitrates exercent une « pression significative » sur 12 % des masses d’eau de surface en Bretagne. C’est moins que les pesticides (57 %) ou encore le phosphore (15 %). Stocké dans les sédiments, le phosphore contribue comme les nitrates au développement des algues vertes. Il provient des déjections animales mais aussi des eaux usées. La défaillance des réseaux d’assainissement pourrait ainsi expliquer la prolifération d’algues vertes sur les vasières du Morbihan.
La contamination des cours d’eau bretons par les pesticides est préoccupante ?
C’est vrai. L’usage des pesticides en Bretagne pour traiter les cultures est moins massif que dans les régions de grandes cultures (blé, betterave) ou de viticulture. Malgré tout, la contamination des eaux brutes de surface par les pesticides en Bretagne est aujourd’hui généralisée. La présence de pesticides ou de leurs résidus (métabolites) est détectée dans 99 % des captages. « C’est un sujet extrêmement préoccupant puisque cela peut affecter la santé humaine et la biodiversité », reconnaît Delphine Alexandre, vice-présidente du conseil régional en charge de l’eau.
En 2021, la présence d’un métabolite du S-métalochlore, un herbicide utilisé dans la culture du maïs, était avérée dans l’eau du robinet distribuée dans 690 communes bretonnes. Pour sa part, le conseil régional de Bretagne s’est fixé l’objectif « zéro pesticide » à l’horizon 2040.
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/agriculture-ou-en-est-on-de-la-pollution-des-cours-deau-en-bretagne-of-fr-24-03-23/