Alice Weidel, économiste qui a travaillé chez Goldman Sachs et au Crédit Suisse, ce qui en dit déjà un peu, est la führer de la AfD (Alternative pour l’Allemagne), le parti néofasciste allemand, ce qui en dit beaucoup.
Dimanche 23 février auront lieu les élections législatives, les Allemands éliront les membres du Bundestag, l’équivalent de notre Assemblée nationale.
Les derniers sondages sont inquiétants.
La droite (CDU-CSU) est donnée à 30% des voix, l’AfD à 20%, le SPD à 15%, les Verts à 13%, Die Linke à 7% et BSW à 4,5%, le FDP à 4,5% sa présence au Bundestag est donc en jeu comme celle du parti de Sahra Wagenknecht .
Friedrich Merz, le chef de la CDU, arrivant largement en tête devrait être le prochain chancelier d’Allemagne. Le 29 janvier dernier, ce dernier et son parti ont brisé un tabou en s’alliant avec l’AfD pour faire adopter de justesse à la Chambre des députés un texte visant à durcir la politique migratoire du pays.
Comme souvent en Allemagne une coalition semble a priori incontournable. On peut supposer que celle-ci pourrait se constituer autour donc de la CDU avec les SPD et les Grünen. Pour y parvenir d’intenses et longues négociations devront avoir lieu.
Bien entendu on pourrait imaginer une alliance entre la droite et l’extrême-droite. Mais outre que Merz s’est engagé à ne pas s’allier à Weidel, la société allemande ne semble pas prête à une telle formule. Les manifestations antifascistes massives qui ont suivi la rupture par la CDU du cordon sanitaire autour de l’extrême-droite jusqu’à la désapprobation par l’ancienne chancelière Angela Merkel (CDU) de cette entente sur un texte de loi, indiquent que les temps ne sont pas mûrs pour une coalition droite-extrême-droite.
Le soutien étasunien apporté par Elon Musk, bras droit de Trump, et le vice-président des Etats-Unis JD Vance à l’AfD ne suffiront sans doute pas, peut-on espérer. Mais ce sont des jalons qui indiquent une direction et la dynamique de l’AfD ne peut être contestée.
Comme il est à craindre que la droite coalisée (ou non) soit incapable de régler les problèmes économiques, sociaux et internationaux qui se posent à l’Allemagne on peut craindre pour le coup prochain. D’autant que les droites, partout, ont une pente naturelle (de classe) à s’allier avec le fascisme.
Les résultats de dimanche devront donc être analysés avec soin et lucidité. D’abord par la gauche si elle ne veut pas rester une force marginale.
Par ailleurs on se rend compte en observant la situation allemande (ou italienne et d’autres) combien nous avons un atout politique de tout premier ordre en possédant un parti de gauche de gauche dont le candidat, Jean-Luc Mélenchon, a obtenu 22% aux dernières élections présidentielles. Et combien nous devons non seulement préserver mais développer cet avantage politique considérable qui est le seul à ouvrir une perspective progressiste.
Antoine Manessis
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