
Écrits antisémites et homophobes de Caroline Parmentier, déclarations pro-OAS de Laure Lavalette, publications racistes de René Lioret… Ces dernières semaines, des révélations sur plusieurs parlementaires lepénistes ont rappelé que les « dérapages » sont en fait la norme au sein de ce parti.
Par Florent LE DU.
Jordan Bardella l’avait déclaré : il serait in-tran-si-geant. En pleine campagne des législatives 2024, alors que les révélations pleuvent sur les sorties racistes, homophobes ou complotistes de nombreux candidats RN, son président l’assurait : « Je n’aurai pas la main qui tremble lorsqu’il s’agira de les sanctionner. »
Pourtant, selon une enquête de Libération publiée le 9 juin, sur 120 « brebis galeuses » – comme les nomme le mouvement – 90 seraient toujours membres du RN. Parmi eux, des candidats élus, qui siègent depuis dans le groupe lepéniste à l’Assemblée.
Comme Roger Chudeau (Loir-et-Cher), pour qui la nomination de Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l’Éducation nationale était « une erreur » du fait de sa binationalité. Ou Monique Griseti (Bouches-du-Rhône), qui en 2022 avait écrit à propos du chanteur Gims : « Qu’il retourne de là où il vient, qu’il amène toute sa tribu avec lui. Qu’il aille traire la chèvre, ça nous fera des vacances. »
Pétain est un « héros », Simone Veil une responsable d’un « génocide »
En un an, le troupeau des moutons noirs du RN s’est élargi au premier cercle de Marine Le Pen. Le 18 juin dernier, Mediapart a exhumé les écrits de Caroline Parmentier dans Présent, journal d’extrême droite dont elle a été rédactrice en chef jusqu’à son embauche, en 2019, comme attachée de presse du parti.
Elle y regrette que Pétain ait été « sali » et « diabolisé » par les historiens ; qualifie l’écrivain antisémite Robert Brasillach de « héros » et de « modèle », parle de Simone Veil en ces termes : « La grosse, celle de la loi qui porte son nom et qui génocide 220 000 petits innocents par an. » Dans ses articles, Caroline Parmentier rejette aussi « la folie du tout homo », s’inquiète qu’on « normalise l’homosexualité » et voit les gens du voyage comme des « bohémiens galeux ».
Rien de bien méchant pour Marine Le Pen, pour qui la députée ne faisait que suivre la ligne de son employeur. Or Caroline Parmentier a écrit, dans un livre publié en 1996 et exhumé par Mediapart : « Je travaille à Présent parce que j’y suis libre d’écrire exactement ce que je pense. »
Une autre proche de Marine Le Pen a été l’objet, la semaine dernière, de révélations : Laure Lavalette. Le site les Jours relève plusieurs déclarations pro-Algérie française de la parlementaire. En 2016, sur Facebook, elle rend hommage à Jean Bastien-Thiry, lieutenant-colonel de l’OAS impliqué dans l’attentat contre le général de Gaulle en 1962, qu’elle qualifie de « héros français et chrétien qui a porté jusqu’au bout l’idéal du sacrifice ».
Une IA pour repérer les dérapages
Toujours dans les Jours, on découvre les publications racistes sur Facebook d’un autre député, René Lioret (Côte-d’Or). Il y commente une photo sur laquelle figurent des personnes noires et des poubelles : « Et on se demande pourquoi il y a maintenant autant de rats à Paris. »
René Lioret, comme Monique Griseti, fait également partie des 16 députés RN membres du groupe Facebook « La France avec Jordan Bardella », dans lequel on pouvait lire des propos tels que : « Les arabes dehors » ou encore « la France est dirigée par les juifs sionistes ».
Pour stopper l’hémorragie, le RN se serait offert les services d’une entreprise spécialisée qui analyserait les profils de ses futurs candidats. Pour les cas cités, nul besoin d’intelligence artificielle. L’absence de sanctions démontre bien que le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie ne sont pas si graves pour le parti lepéniste qui, historiquement, en a fait sa ligne politique.
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