Une salariée de la Scop Trebara de Bain-de-Bretagne s’est suicidée en octobre 2016. Le 25 mai 2023, le conseil de prud’hommes de Rennes (Ille-et-Vilaine) a condamné en appel l’entreprise pour licenciement abusif.
Emmanuelle était boulangère chez Trebara à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). Ancienne animatrice, elle s’était reconvertie comme boulangère avec passion. Elle entre chez Trebara dont elle partage les valeurs. Elle débute comme salariée avec l’objectif de devenir associée au bout d’un an, comme les statuts de l’entreprise (et l’offre d’emploi) le prévoient.
Plus d’un an après son embauche, autour de l’assemblée générale où elle est censée devenir associée, les relations de travail se dégradent, particulièrement avec le gérant. En juillet 2016, comme cela est déjà arrivé par le passé, elle pallie des absences et fait 186 heures de travail. L’anxiété, le stress guettent Emmanuelle. À son retour de vacances en août 2016, elle découvre, abasourdie, qu’elle est licenciée. On lui reproche un pain trop cuit et une pâte trop hydratée en juillet.
Suicide reconnu comme accident du travail
Elle a mis fin à ses jours le 31 octobre 2016 à l’âge de 39 ans. Son suicide a été reconnu comme accident du travail par la Sécurité sociale en avril 2018. Peu avant sa mort, elle avait entamé des démarches pour poursuivre l’entreprise aux prud’hommes. Dans son mot d’adieu, « Emmanuelle a explicitement lié son geste à son licenciement brutal ». Son frère et ses amies ont donc continué le combat. L’entreprise sera condamnée en février 2020. La Scop avait fait appel.
Le 25 mai 2023, le conseil de Prud’hommes confirme en appel le licenciement abusif. Selon les juges, « l’entreprise a délibérément violé les dispositions du Code du travail en matière de durée quotidienne du temps de travail […], les plafonds journaliers ont été dépassés ».
Concernant les insuffisances professionnelles d’Emmanuelle, les juges estiment que ces faits sont « insuffisamment sérieux et non caractérisés ». Pour l’une de ses proches amies, ce jugement est « un soulagement. C’est aussi la reconnaissance de la violence qu’elle a subie et la réhabilitation de l’excellente technicienne qu’elle était ».
URL de cet article : Après le suicide d’une salariée, la coopérative Trebara condamnée pour licenciement abusif. ( OF.fr – 26/02/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)