Arrivée en Bretagne pour protéger ses filles de l’excision, elle est menacée d’expulsion (OF.fr-2/05/25)

À la sortie des classes vendredi, dans le cadre de la vente solidaire de gâteaux, parents d’élèves et habitants étaient nombreux à se mobiliser pour Mariam et ses enfants. | OUEST-FRANCE

Mariam et sa famille viennent d’être informées que leur demande d’asile en France devrait être refusée. À Pouldavid, à Douarnenez (Finistère), où ses quatre enfants sont scolarisés, on s’organise pour les soutenir. Une vraie chaîne de solidarité.

Par Ludovic LE SIGNOR & Chloé GOUPIL.

« Il ne peut pas y avoir d’expulsion sans que le préfet examine la situation personnelle et familiale. » Patrick Gardet, de l’association Fraternité Douarnenez (Finistère), est aux avant-postes pour défendre Mariam, maman qui élève seule ses quatre enfants.

Cette jeune femme a quitté Djibouti, son pays d’origine, en décembre 2023, pour protéger ses filles de l’excision. Depuis mars 2024, elle loge à Douarnenez et ses enfants sont scolarisés à Pouldavid, à l’école François-Guillou. « Le récépissé de la demande de droit d’asile fait office de carte de droit de séjour », détaille Samuel Henriot, également membre de Fraternité Douarnenez.

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Aucun logement ni aide financière

Le 22 avril, Mariam a été informée, par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), que sa demande de droit d’asile avait été rejetée, lors de l’audience de la Cour nationale du droit d’asile, qui s’est tenue le 1er avril, à Fontenay-sous-Bois (94). « C’est une information, pas une notification, poursuit Patrick Gardet. Pour l’instant, il n’y a aucune explication à ce jugement. »

Cette décision ferait perdre à Mariam, au 31 mai, le logement qu’elle occupe et l’aide financière inhérents à tout demandeur d’asile sur le sol français. Le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de Quimper lui avait trouvé ce logement à Douarnenez, en mars 2024.

Dès cette information connue, les parents d’élèves de l’école François-Guillou, non pas au sein de l’APE mais à titre individuel, ainsi que l’école se sont mobilisés pour venir en aide à Mariam et à ses enfants. « De plus, l’un d’eux est en situation de handicap et bénéficie d’un suivi adapté qui lui permet de faire des progrès, ce qui ne serait pas possible dans son pays d’origine »,soulignent les parents d’élèves. Qui, dès ce vendredi, ont organisé une vente de gâteaux pour récolter des fonds pour permettre de subvenir aux besoins de la famille dans les prochaines semaines (une autre vente est prévue le vendredi 16 mai).

« Mariam a droit à un titre de séjour »

Le soutien à Mariam et à ses enfants va aussi se traduire par un soutien juridique. « On travaille avec des avocats quimpérois spécialisés en droits des étrangers, avancent les deux bénévoles de Fraternité Douarnenez. En raison de sa situation personnelle et en application des textes, Mariam a droit à un titre de séjour. »

Aux côtés de Fraternité Douarnenez, les parents se tournent aussi vers les institutions, publiques et sociales, pour trouver des solutions. Et comptent aussi, bien sûr, sur la mobilisation des parents et amis de l’école. « Il faut trouver des solutions pour poursuivre la scolarisation, l’accès aux soins, et retrouver un cadre familial plus serein », affirment les parents d’élèves. Une cagnotte (1) a également été ouverte. « On va s’appuyer sur la loi, sur la situation familiale et sur la mobilisation, ajoute Samuel Henriot. Je suis un optimiste réaliste. »

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« L’urgence, c’est le logement »

Vendredi après-midi, Mariam a été reçu par Laurence Le Bars, directrice du Centre communal d’action sociale (CCAS) de la Ville de Douarnenez. L’entretien « s’est très bien passé » selon les parents d’élèves, mais ils insistent : « L’urgence, c’est l’hébergement ». Ils s’inquiètent pour la mère de famille, qui est aussi une amie : « Mariam est quelqu’un de très ouvert et est bien intégrée, tout comme ses enfants. Elle est toujours aux petits soins avec nous. »

En fin de journée, de nombreux parents d’élèves, habitants et membres du Planning familial ont répondu présent au rassemblement organisé à l’école François-Guillou. Avec la cagnotte et la vente de gâteaux, ils espèrent pouvoir subvenir aux besoins de Mariam et sa famille quelque temps.

Sollicitée, la préfecture n’a pas répondu à nos questions.

(1) tinyurl.com/2wc8rp7r

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Source: https://www.ouest-france.fr/societe/immigration/arrivee-en-bretagne-pour-proteger-ses-filles-de-lexcision-elle-est-menacee-dexpulsion-97318330-2751-11f0-964c-4f0f93c651c3

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/arrivee-en-bretagne-pour-proteger-ses-filles-de-lexcision-elle-est-menacee-dexpulsion-of-fr-2-05-25/

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