
Par Rosalie ALBANI
Dans son mot d’ouverture, le directeur général de l’Enseignement scolaire Edouard Geffray prêche d’entrée : « Le ministre a voulu placer cette journée sous le sceau du savoir mais aussi de l’affection, voire de l’amour que nous portons collectivement à notre Ecole et à nos professeurs ». Amen.
Les enseignants qui se savaient déjà « choyés » par Jean Castex et qui viennent de découvrir sur leur fiche de paye de septembre la réalité des annonces d’Attal et de Macron sur la pseudo revalorisation des salaires apprécieront d’être « aimés » à ce point. Mais derrière ces bonnes intentions dégoulinantes de mensonges, qu’a dit le ministre ? Car c’est bien connu, comme disait le poète, « il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour ».
« Les élèves français ont perdu l’équivalent d’un an en termes de niveau », assure Attal. « Nous devons relever le niveau d’exigence que nous avons à l’égard de nos élèves ». Ce qui sous-entendrait que cette baisse serait due aux enseignants ! Comment compte-t-il faire ? Rétablir les dizaines de milliers de postes qui ont été supprimés afin de garantir les meilleures conditions d’apprentissage pour les élèves, notamment baisser les effectifs dans les classes ? Abroger toutes les contre-réformes menées par ses prédécesseurs comme le pacte Ndiaye, la réforme du bac et du lycée de Blanquer, la réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem qui ont toutes en commun d’avoir semé le chaos dans l’école et supprimé des milliers d’heures de cours ?
Supprimer les classes en collège ?
Bien sûr que non ! Le ministre a préféré une nouvelle fois détourner l’attention. Il a lancé une réflexion sur « des groupes par niveaux » en français et mathématiques. Pour cela, une mission va être lancée afin de réfléchir à l’idée de « constituer des groupes de niveaux » en français et maths au collège, plutôt que de les enseigner « par classe ». Ce serait donc potentiellement la fin des classes de 6e, 5e, 4e et 3e au collège
Le ministre poursuit donc son opération de liquidation de l’Ecole publique. Et il remet sur la table de futures consultations la refonte des programmes scolaires, les cycles, la formation des enseignants, les manuels scolaires, une grande consultation des enseignants…
Car dans le même temps, il y a la réalité des faits. En effet, le budget 2024 prévoit la suppression de 2 500 postes d’enseignants à la rentrée prochaine après les 2 000 supprimés en cette rentrée. Alors qu’il manque partout des AESH pour accompagner les élèves en situation de handicap, Attal et Macron annoncent l’acte II de l’Ecole inclusive pour mettre fin aux établissements médico-sociaux et aux structures spécialisées, accélérer l’inclusion systématique délabrant davantage les conditions d’apprentissage de tous les élèves.
Ils souhaitent aussi généraliser le service national universel sur le temps scolaire, malgré l’opposition des fédérations Fnec FP-FO, FSU, Sgen-CFDT, Unsa, Ferc-CGT, Snalc, Sud Education, des organisations de jeunesse VL, FIDL, MNL, et de la FCPE, qui déclarent: « nos élèves ont besoin d’école, pas de SNU ! » Ils entendent généraliser l’expérimentation marseillaise à tout le territoire comme avec le dispositif « Notre Ecole faisons-là ensemble » ou encore la réforme de la voie professionnelle dont l’objectif est à l’opposé de l’égal accès de tous à l’instruction et aux qualifications.
Caporaliser les enseignants et les élèves
L’Ecole vise à « empêcher l’explosion de la violence » et à « civiliser des individus », explique Attal dans la droite ligne de Macron qui disait « s’atteler à reciviliser », une vision dangereuse et réactionnaire. On est bien loin de la transmission des savoirs et des connaissances. « Le projet qui est le nôtre depuis 2017 est le bon », dit Attal en bon successeur de Blanquer et en bon élève de Macron. « Il veut juste aller au bout du projet » commente le Café pédagogique, publication spécialisée dans l’Education. Un projet où l’Ecole, ses enseignants, ses personnels, sont caporalisés. Une école où élèves et enseignants sont mis au pas au service du régime.Pas étonnant qu’Attal dans son discours ait ajouté Napoléon dans sa liste des pères fondateurs de l’Ecole…
Gonesse (Val-d’Oise) > Pas d’enseignant depuis la rentrée : le ras-le-bol des parents d’élèves Les parents d’élèves ont organisé mercredi 4 octobre une manifestation devant l’école Roland-Malvitte à Gonesse (Val-d’Oise). Un mois après la rentrée, il manque toujours un enseignant pour la classe de CE2. Cinquante élèves se retrouvent sans solution. Sur la banderole on peut lire : « rentrée chaotique », « classe de CE2 à l’abandon », « on veut un prof fixe ! ». Une mère d’élève manifestante est très inquiète : « ma fille n’est plus du tout motivée, elle va avoir du retard par rapport aux autres CE2 de Gonesse ». La représentante des parents d’élèves indique : « de plus en plus d’élèves sont démotivés et ne veulent plus aller à l’école. » La direction académique prévoit des remplaçants quand elle le peut, mais le reste du temps les élèves sont déployés dans d’autres classes. Le 28 septembre, elle a reçu les organisations syndicales pour faire le point et évoque des « secteurs en tension avec des manques » d’enseignants, de remplaçants, principalement « à Villiers-le-Bel et à Gonesse ». Dans l’école Wallon, à Villiers-le-Bel, où les parents manifestaient également, c’est un congé maternité qui n’est pas couvert pendant trois semaines pour une classe de CP ! Dans une autre école, c’est quatre ou cinq remplaçants différents pour couvrir chaque semaine la décharge de direction depuis le début de l’année. |
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