Au procès du RN, beaucoup de curieux, peu de militants (H.fr-24/11/24)

Les travées de la salle d’audience n’ont pas accueilli de militants RN, lors du procès des assistants parlementaires.
© Benoit PEYRUCQ / AFP

Citoyens intrigués, habitués des audiences, étudiants, retraités… Les bancs réservés au public sont presque toujours pleins depuis le début du procès des assistants parlementaires. Un aréopage hétéroclite venu au « spectacle »… sans la présence des soutiens de Marine Le Pen.

Par Emma MEULENYSER.

Des ronflements s’échappent de la deuxième rangée. Jean-Pierre, 80 ans, cogne l’épaule de son voisin pour faire cesser l’embarrassant vacarme. Devant, les prévenus du procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN/RN défilent à la barre. Les échanges sont longs, parfois ennuyeux, alors certains piquent du nez.

Aux alentours de 15 heures, invariablement, Jean-Pierre se met à l’aise, retire ses Doc Martens usées, et finit à son tour par somnoler. Avec sa grosse barbe blanche, sa bonhomie et son carnet de mots codés qu’il sort quand les débats s’enlisent dans des considérations techniques, il est quasiment une des stars de l’ombre du procès. Journalistes, avocats, greffiers viennent le saluer.

« J’avais peur d’être entourée de lepénistes mais en fait pas du tout »

Depuis le 30 septembre, le procès des assistants parlementaires FN/RN fait salle comble. Un aréopage de retraités intrigués, d’étudiants attentifs et de quelques costards cravates s’y retrouvent. Des acharnés qui restent de longues heures. D’autres venus pour le spectacle de Marine Le Pen à la barre, comme un animal politique en cage.

Jean-Pierre n’a pratiquement raté aucune journée du procès, bien qu’il réside à près d’une heure du palais de justice de Paris. Sur les bancs, il retrouve Rose, 60 ans, avec qui il s’est lié d’amitié au fil des audiences. Cette dernière s’étonne de l’absence de militants ou de soutiens à Marine Le Pen.

La candidate est venue sans son fan-club – une manière, sans doute, d’éviter que des militants dérapent devant la presse. « J’avais peur d’être entourée de lepénistes mais en fait pas du tout ! confieRose. Il y a des étudiants, tout à l’heure j’ai croisé une comédienne. Elle me disait : ”J’aime bien venir ici, ça me donne des images pour jouer des rôles…” »

Patrick Mention, employé des ressources humaines à la retraite et ex-militant PCF, est lui aussi venu chercher l’inspiration. Écrivain, il croit trouver au procès le sujet de son futur polar. Plus loin, des étudiants piaillent, comme on commenterait une rencontre sportive. Mathis, 22 ans, trouve ainsi que l’ex-eurodéputée Marie-Christine Arnautu « avait du mal à se défendre, son avocat prenait souvent la parole pour rectifier ». Quant au trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just : « Lui, il rame, il n’est pas bon ! » tranche le jeune homme.

Interruption de séance. Rose et Jean-Pierre sont en plein débrief : « Marine Le Pen fait du théâtre. Tantôt c’est l’avocate, tantôt c’est la cheffe en meeting politique », lâche la retraitée, au deuxième jour de l’audition de la cheffe du RN, mi-novembre. Les deux suivent le procès comme un feuilleton théâtral, impatients de voir quelle pique enverra la procureure, quel sera le geste d’humeur du jour de Marine Le Pen…

Le procès a donné son lot de moments forts : Bruno Gollnisch menaçant de quitter la salle, une prévenue lâchant « elle me fait chier » à l’adresse de la juge… Le public, qui doit rester discret, peine parfois à étouffer ses réactions. Ce mercredi, il faudra bien quitter les bancs. Le procès s’achève. En attendant le verdict, Rose et Jean-Pierre se promettent de rester en contact. Peut-être y aura-t-il d’autres procès. Et d’autres siestes.

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Source:https://www.humanite.fr/politique/assistants-parlementaires/au-proces-du-rn-beaucoup-de-curieux-peu-de-militants

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