Au tribunal de Brest, l’armateur Genavir nie avoir laissé harcèlement et agression impunis (OF.fr-23/04/25)

Le procès d’un ancien commandant et d’un ancien chef mécanicien de l’armateur Genavir (filiale de l’Ifremer), ainsi que de la société et son ancien dirigeant pour des faits de violences sexistes et sexuelles s’est ouvert ce mardi 22 avril à Brest (Finistère). | OUEST-FRANCE

Le procès contre deux anciens salariés de l’armateur Genavir, la société elle-même et son ancien dirigeant s’est terminé ce mercredi 23 avril 2025 au tribunal de Brest (Finistère). La société affirme avoir réagi après les accusations de harcèlement et agressions.

Par Emmanuelle FRANCOIS.

Le procès contre deux anciens salariés de Genavir, la société elle-même et son ancien dirigeant s’est terminé ce mercredi 23 avril 2025 au tribunal de Brest (Finistère). L’ancien commandant et l’ancien chef mécanicien de l’armateur, filiale de l’Ifremer, sont accusés de harcèlement moral et sexuel ainsi que d’agression pour le premier et d’agressions et tentatives d’agressions pour le second. Également sur le banc des prévenus : la société Genavir et son ancien dirigeant Eric Derrien.

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Après un jour et demi de procès, la procureure Solenn Briand a fait un réquisitoire d’environ une heure. Malgré le propos du président Xavier Jublin qui a précisé que ce n’était pas le procès Me too de la marine marchande, la procureure a appelé à ne pas sortir les faits de leur contexte. « Les attentes sociétales envers les violences sexistes et sexuelles sont fortes. Des violences considérées comme normales sont désormais insupportables. J’ai entendu beaucoup de minorations. Les trois personnes qui ont initié cette procédure ont vu leur vie brisée par ces faits. Aucune de ces femmes n’est capable d’embarquer aujourd’hui. Trois femmes sont démolies après avoir navigué sous les ordres du commandant. »

De 10 000 à 40 000 € d’amende

Contre l’ancien chef mécanicien, la procureure réclame deux ans de prison avec sursis et 10 000 € d’amende pour harcèlement et agressions sexuelles ainsi que tentative d’agression sexuelle. « Il ne doit pas s’abriter derrière la désinhibition provoquée par l’alcool. Tous les hommes alcoolisés ne s’introduisent pas la nuit dans les cabines de leurs collègues féminines. » Pour son avocate Me Céline Carru, « il y a des explications structurelles à prendre en compte, [comme] la banalisation de l’alcool et des comportements déviants dans la marine marchande ».

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Contre l’ancien commandant, la procureure réclame un an de prison avec sursis et 10 000 € d’amende pour harcèlement sexuel et moral ainsi qu’agression sexuelle. « Peu importe que l’auteur ait eu des objectifs sexuels ou non. » Selon elle, la question à se poser est : « Est-ce que ces propos ou comportement ont eu un effet sur la victime ? […] C’est en mettant bout à bout ces comportements, à l’aune du contexte de sexisme ambiant et d’un contexte hiérarchique prégnant […] qu’on perçoit que l’ancien commandant assoit un rapport de domination avec les parties civiles. » L’avocat du commandant, Me Thierry Fillon, accuse la procureure de « revendiquer la subjectivité totale des accusations portées contre lui. […] Mon client a les yeux clairs et il fixe, mais son regard n’est accompagné d’aucun geste. Comment faire de ces regards la base d’une culpabilité ? »

« On a grossi le trait à l’égard de la société Genavir »

Concernant Genavir et son ancien directeur, la procureure réclame 40 000 € d’amende dont 20 000 € avec sursis pour le premier et 10 000 € d’amende avec sursis pour le second pour les chefs de blessures involontaires par la violation d’une obligation de sécurité et discrimination professionnelle.

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« On nous dit que ce n’est pas le procès du Me too de la marine marchande, mais on a grossi le trait à l’égard de la société Genavir, revendique Me François Hubert, l’avocat de la société. On l’a présenté comme un lieu clos, très masculin, où les blagues graveleuses seraient la norme ; un lieu de débauche où l’alcool coulerait à flots ; un lieu où on ne pourrait pas s’exprimer, parce que ce qu’il se passerait à bord resterait à bord ; que dans ce lieu clos, les femmes qui seraient présentes seraient discriminées ou devraient s’adapter face à cette situation qui s’imposerait à elles. C’est manifestement inexact, voire déplacé. » Selon lui : « La société, dès lors qu’elle a eu connaissance des faits, a mis en place des mesures. Elle a engagé une enquête et une procédure disciplinaire. »

La décision du tribunal a été mise en délibéré au 19 juin.

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Source: https://www.ouest-france.fr/societe/sexisme/au-tribunal-de-brest-larmateur-genavir-nie-avoir-laisse-harcelement-et-agression-impunis-8d8da876-2072-11f0-bf67-a97478b86af6

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