Aux Prud’hommes de Nantes, pas de trêve estivale pour le combat des salariés (OF.fr-20/07/23)

Au cœur de l’été, les Prud’hommes de Nantes continuent de trancher des litiges qui opposent salariés et employeurs.

Par Marylise COURAUD.

En juillet, le droit du travail ne s’arrête pas. Des salariés et des patrons passent par la case prud’hommes. Récit d’une matinée d’audience à Nantes, pour les affaires urgentes où se mêlent gros sous et petits salaires.

Son impatience voltige dans la salle d’audience des Prud’hommes de Nantes. Cette jeune designer industrielle, recrutée dans une entreprise du bâtiment, n’a pas touché un centime de salaire depuis trois mois et son contrat touche à sa fin.

Elle devra encore poireauter. L’employeur absent n’a pas récupéré sa convocation à la Poste. « Toutes les requêtes que j’ai adressées au dirigeant, à grand renfort de timbres, me sont revenues », confie, un tantinet agacé, Fabien Laidin, sac CGT en bandoulière, qui assure la défense de la salariée.

Pas le choix, la salariée devra maintenant payer un huissier pour convoquer son employeur. « Et ça prend du temps », prévient Pascal Braguier, un président d’audience en tee-shirt.

Ici dans cette petite salle, pas de robe pour les juges non professionnels, pas de décorum. L’homme au tee-shirt est issu du patronat, la CPME, et son assesseur, Loïc Cretois, en veste et chemise, du monde syndical. Au cœur de l’été, ces deux conseillers prud’homaux, inspirés par le droit, tranchent les litiges. Point de trêve pour les conflits dans le monde du travail. Même si le tribunal met ses audiences au régime.

Troisième convocation

Au menu de ce mercredi 19 juillet, des affaires en référé, en urgence. Et pour certains ce n’est pas une première. On pourrait presque dire que ce patron rennais qui a créé plusieurs fast-foods, Pita pit à Nantes et Rennes, a pris un abonnement.

C’est la troisième fois que Loïc Le Brun est convoqué. Pour des heures non payées, des primes pas versées, des soldes tout compte omis… Quelques centaines d’euros à chaque fois. Il est absent, mais la personne censée le représenter n’a pas de pourvoi pour agir en justice. Renvoi dans trois semaines.

« Bon, on va attaquer l’audience », annonce le président, pensant avoir renvoyé tout ce qui n’était pas en état d’être jugé. C’est ce qu’il pensait.

Nicolas Benardeau n’est pas un inconnu de la scène culturelle nantaise. L’ancien directeur de Big city life, l’association événementielle qui avait investi les Écuries Mellinet et pilote aujourd’hui l’ex scène Michelet, Décadance, aura eu à peine le temps d’ouvrir son ordinateur pour préparer seul sa défense, face à une ancienne salariée démissionnaire qui lui réclame plus de 3 000 € d’indemnités de congés payés et de prime de précarité non versée.

Mais est-il habilité à agir en justice ? Là aussi la question se pose, soulevée par la défenseuse syndicale de FO. Nicolas Benardeau n’a pas pu le prouver. Il reviendra le 6 septembre.

« J’ai estimé que ça faisait 250 000 € »

Le litige ne porte plus sur quelques centaines d’euros, mais des milliers. C’est du moins la somme demandée par l’ancienne directrice de l’Ehpad le Prieuré, à Cordemais, qui a défrayé la chronique. Soupçons d’empoisonnement, condamnation d’un aide-soignant pour agression sexuelle, double agression d’une autre résidente…

Une ancienne directrice qui a été licenciée en 2021, au cœur de la tempête, pour manquement dans la gestion financière, estime qu’elle aurait dû bénéficier, pendant sept ans, d’une augmentation annuelle de 1 % et du paiement des jours d’astreinte. « J’ai estimé que ça faisait 250 000 €, mais je n’ai pas fourni le détail », avance-t-elle à la barre.

De quoi faire tiquer les Prud’hommes, qui jugent sur pièces. Et de donner du grain à moudre à l’avocate de l’Ehpad. « Une demande ni justifiée, ni étayée. Ce n’est pas sérieux. » Jugement à la fin de l’été.

Saisir les Prud’hommes peut s’avérer complexe, sans un avocat ou un défenseur syndical. La salle se vide, un patron glisse à sa salariée : « Tu penses que c’est nécessaire d’être là ? Je perds une journée, toi aussi. »

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/reportage-aux-prudhommes-de-nantes-pas-de-treve-estivale-pour-le-combat-des-salaries-60f834b2-261d-11ee-a174-4dc4bc9324e5

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