
© ROMUALD MEIGNEUX/SIPA
Lors de son rendez-vous de rentrée, le patron des patrons affirme que son mouvement est prêt à jouer de tous ses leviers pour peser sur les futures décisions politiques.
Par Stéphane GUERARD.
On peut prôner le réalisme et être sentimental. C’est la larme à l’œil que la tribune de la ligne droite de l’hippodrome de Longchamp, garnie ce lundi après-midi de grands patrons rassemblés pour la rentrée du Medef, s’est levée comme un seul homme et quelques femmes pour saluer l’œuvre de Bruno Le Maire.
Interdit de parole car démissionnaire depuis plus d’un mois, le ministre de l’Économie du septennat Macron était bel et bien présent au premier rang du grand raout du mouvement patronal. « Merci Bruno, tu as été l’artisan déterminant et déterminé des politiques pro-business » depuis 2017, lui a lancé Patrick Martin lors d’une standing ovation encore plus marquée que celles des années précédentes.
Le nouveau patron des patrons exprime clairement ce que son mouvement perd avec l’arrivée à échéance du bail du locataire de Bercy, infatigable zélateur de la baisse de la fiscalité des entreprises et des très riches. À fin d’époque, changement de ton. Sous les yeux de ses prédécesseurs, du baron Seillière à Geoffroy Roux de Bézieux, Patrick Martin a annoncé à la REF (rencontre des entrepreneurs de France) 2024 que le Medef remontait en première ligne pour défendre ses positions dans un contexte politique plus que mouvant.
Le Nouveau Front populaire dans le viseur
L’adversaire n’a qu’un nom : le Nouveau Front populaire, dont les préconisations sont réduites à l’expression « programme de LFI » dans l’interview donnée au Figaro le même jour. Haro donc sur ce « programme de LFI » qui « veut remettre en cause ou suspendre la politique de l’offre » et « ne pourra qu’accélérer notre déclassement. Ça se payera cash », prophétise-t-il contre toute augmentation des salaires ou détricotage des réformes des retraites et de l’assurance-chômage.
« Non, nos entreprises ne sont pas gavées aux aides publiques, sans lesquelles elles ne pourraient pas payer tous les prélèvements sociaux », cingle-t-il à l’encontre de toute tentative de mise sous conditionnalité de ces aides ou d’augmentation des impôts.
Face à cette « doxa mortifère et liberticide » et à « la faillite de l’étatisme et de la centralisation bureaucratique délirante », Patrick Martin prône le réarmement d’un Medef ré-idéologisé, prêt à réaffirmer ses rengaines néolibérales en utilisant à plein tous les leviers de pouvoir à disposition.
Ainsi, un « reset » de la protection sociale, dont « beaucoup de régimes ont été dénaturés », pourrait être pratiqué grâce à un paritarisme direct avec les syndicats – « je ne suis pas chaud pour le ménage à trois avec l’État », précise l’orateur sur la tribune. De « l’influence tous azimuts » exercée au plus près de l’opinion publique comme des élus, du local au national, permettrait de « rétablir » des vérités et de propager un « corpus de doctrine » attendu « dans les prochains mois ».
Quant à la désignation d’un nouveau gouvernement, le leader du Medef souligne que le lobbying patronal au niveau européen a participé au maintien de la coalition pilotée par la conservatrice Ursula von der Leyen au Parlement de l’Union. « Pourquoi ne pas faire de même à l’Assemblée nationale ? », se lèche-t-il les babines. Invités d’honneur, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents des deux chambres du Parlement, ont applaudi.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/aux-rencontres-des-entrepreneurs-de-france-patrick-martin-veut-faire-peser-le-medef-et-charge-le-nfp-h-fr-26-08-24/