
Propos recueillis par Pierre FONTANIER
Une nouvelle équipe est à la tête du Secours catholique du Finistère depuis le printemps 2023. Elle dresse le constat d’une augmentation de la précarité dans le département.
Depuis le printemps 2023, le Secours catholique du Finistère a changé de présidente et de délégué départemental : Évelyne André et François Mandil constatent une augmentation de la précarité. Leurs explications.
Pourriez-vous présenter le Secours catholique du Finistère en quelques chiffres ?
Évelyne André : Le Secours catholique est une association nationale pour la lutte contre la précarité. L’accueil inconditionnel est un principe de base. 31 équipes locales maillent l’ensemble du département qui compte 850 bénévoles et 7 salariés dont 4 animateurs de territoire.
Quelle est votre activité ?
E.A. : L’aide matérielle à 60 %, mais aussi les cafés, jardins et boutiques solidaires, les cours de français, les activités proposées aux bénéficiaires…
« L’isolement est une forme de précarité »
Vous constatez une augmentation de la précarité depuis 2021…
E.A. : Oui, elle touche les ménages les plus défavorisés qui n’ont plus aucun filet de sécurité à cause de la crise.
François Mandil : L’isolement, qui est une forme de précarité, en particulier celui des mères, a aussi augmenté.
Comment mesurez-vous cette précarisation croissante ?
F.M. : Les personnes que nous recevons remplissent des fiches signalétiques. Le nombre de colis distribués a augmenté. Le revenu mensuel médian de nos bénéficiaires est passé de 700 € en 2017 à 650 € en 2021 et 594 € l’an passé, sachant que le seuil de pauvreté en France est à 1 100 €. Environ un quart des personnes qu’on accueille nous disent sauter des repas faute de moyens. Sur le même modèle que la Sécurité sociale pour la santé, on pourrait inventer une Sécu de l’alimentation qui permettrait à tous d’acheter à manger sans avoir besoin de tendre la main : le but est de ne plus avoir besoin de l’aide alimentaire, comme le disait déjà Coluche en créant les Restos du Cœur.
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« On est à saturation, on manque de bénévoles »
Quelles sont les limites de votre action ?
F.M. : On ne peut pas accueillir plus de monde car on est à saturation et on manque de bénévoles. Il faudrait ouvrir une journée de plus chaque semaine mais on n’a pas assez de gens mobilisés. Le reste à vivre de nos bénéficiaires ne cesse de baisser depuis le Covid et maintenant l’inflation : il est passé de 5,25 € par jour en 2021 à 5 € en 2022 (5,23 € en 2017). Notre budget 2023 est stable : 660 000 € pour le fonctionnement (hors charges salariales, 330 000 €), dont un tiers environ pour l’aide directe aux gens. De façon générale, on préfère donner plus d’argent pour des changements durables dans la vie des gens, comme une nouvelle chaudière, plutôt que faire de la distribution.
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