
José Louiset est à la tête de deux boulangeries à Quimper. Les « reports » de charges proposées par le gouvernement le font bouillir. « Depuis la covid, on passe notre temps à être endetté », explique-t-il.
« Ils vont nous refaire le coup des Prêts garantis par l’État (PGE) comme pendant la crise de la covid. Faut arrêter ! On passe notre temps à être endetté avec leurs conneries », s’insurge José Louiset, propriétaire de deux boulangeries à Quimper : Les Carolines, avenue de la Libération, et Au Bon Vieux Temps, rue Kéréon, dans le centre-ville. « On y laisse des plumes à chaque fois. Et, maintenant, ils nous refont le coup de l’énergie ! »
Le chef d’entreprise sait de quoi il parle : « Aujourd’hui encore je paye tous les mois 1 300 € pour rembourser 40 000 € de cotisations sociales reportées en raison de la covid ».
« Ce sont les politiques qui ne font pas leur boulot. Je ne vois pas pourquoi les boulangers seraient obligés de s’endetter pour des factures d’énergie. Dans le budget d’une entreprise, vous ne pouvez pas multiplier ce poste de dépense par quatre ou par cinq. Aucune entreprise ne peut supporter ça ».
Pas la peine de mettre les baguettes à l’Unesco, si vous fermez les boulangeries
L’artisan, à la tête des deux établissements qui comptent douze salariés, n’est pourtant pas aussi impacté par le prix de l’énergie que certains de ses confrères. « Ce mois-ci, ça a commencé à augmenter. Les plus petits mois, je payais 1 400 €. Et là, je suis repassé à 1 900 € sur un site. Toujours pour la même consommation 10 000 kWh par mois en moyenne. Pour l’instant, ce n’est pas la catastrophe. J’ai un contrat chez Total jusqu’en 2024 ».
« Je ne suis pas dans la tourmente mais je ne fais pas le malin parce que pour celui qui reçoit une facture multipliée par quatre ou par cinq, la meilleure solution c’est de fermer son entreprise. Il ne faut surtout pas s’embarquer à faire de l’endettement pour payer des factures idiotes. Ils mettent en péril des familles, des gens qui ont bossé toute leur vie. C’est juste une histoire de règlement européen : d’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz… »
Particularité des Carolines : « On a connu une année de lancement, puis deux années de covid. Et, depuis, les travaux de la gare. Par conséquent, moins de clients. On n’a plus de circulation devant. Moi j’ai double peine. J’attends avec impatience qu’ils rouvrent la rue. Et je vais peut-être avoir un problème d’énergie ? C’est quoi ce pays ? »
José Louiset observe avec attention les actions du collectif pour la survie des boulangeries et de l’artisanat qui vient de voir le jour. « Il propose d’adresser ses factures d’électricité à Macron et à l’Unesco. Ce n’est pas la peine d’inscrire la baguette au patrimoine immatériel de l’Unesco si vous fermez les boulangeries », lance-t-il. Prochaine étape qui sera scrutée de près depuis l’avenue de la Libération : la manifestation de ce collectif prévue le 23 janvier à Paris.
Jean-François BERTEAU