
À Quimper (Finistère), la journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce jeudi 23 mars 2023, a été très différente des précédentes. Elle a commencé tôt, avec le blocage de la gare à 4 h 30. Et elle a continué fort, avec une manifestation qui a rassemblé 12 000 personnes et le blocage de la quatre-voies Nantes-Brest.
À Quimper (Finistère), plusieurs actions ont rythmé la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 23 mars 2023. Des blocages au petit matin au bouclage des rues longeant la préfecture, en passant par une manifestation à Gourvily, dont une partie a débordé sur la voie express : au total, plus de 12 000 personnes ont affronté la pluie pour réaffirmer leur désaccord avec le gouvernement. Récit.
Le jour n’est pas encore levé, mais déjà une centaine de personnes s’affairent dans le quartier de la gare, à Quimper (Finistère). Les éclairages laissent entrevoir les gilets et drapeaux aux couleurs de différents syndicats. Palettes, poubelles, pneus et plots sont déplacés de part et d’autre pour former des barrages et bloquer tout accès routier.
Conséquence : dès 4 h 30, les véhicules engagés dans l’avenue de la Libération ou l’avenue de la Gare n’ont d’autre choix que de faire demi-tour. « Il y a du monde mobilisé ce matin, on est content. On continue les actions, c’est important. On ne lâche rien », confie l’un des protestataires, les yeux tournés vers le feu qui crépite près de lui.
À 10 h, direction Gourvily
De leur côté, les voyageurs patientent dans le hall, jusqu’à apprendre la mauvaise nouvelle : aucun train ne quittera la gare de Quimper et ce jusqu’à nouvel ordre, puisque des manifestants occupent les voies ferrées. Cette action se terminera finalement peu avant 10 h, les manifestants prenant la route de la zone de Gourvily.
La quatre-voies bloquée par 2 000 manifestants
Pourtant, dès que les syndicats lancent le cortège, après 11 h, une partie des manifestants entre tout de même sur la RN 165 qui va de Brest à Nantes. Ils sont près de 2 000, selon les syndicats et la police, et ont arrêté la circulation. Les forces de l’ordre semblent d’abord vouloir arrêter le mouvement et jettent quelques lacrymogènes. Finalement, elles laissent la foule avancer, en direction de Lorient (Morbihan). Au bout d’1 km environ, le mouvement s’arrête. « On continue », scandent certains. « Mais pour aller où ? », se demandent beaucoup d’autres.
Parmi eux, il y a des retraités, des lycéens, des syndicalistes, des amis, des voisins. Dont une bande de collègues qui travaillent dans une maison de retraite, habillés comme pour une virée en ville. « On n’a jamais fait ce type d’action, un peu plus violente. Mais ça fait des semaines qu’on manifeste gentiment, alors on passe à autre chose. On nous force à le faire. » Il y a aussi quelques personnes encagoulées, qui restent de leur côté.
« On n’est pas là pour se battre »
En marchant vers Lorient, les protestataires démontent des glissières de sécurité, improvisent des barricades, allument des feux. On ne voit aucun représentant des forces de l’ordre. L’hésitation entre continuer ou s’arrêter dure tellement que certains commencent à partir. Vers 13 h 30, il ne reste qu’une vingtaine de manifestants devant les automobilistes, qui patientent depuis près de deux heures dans le calme. Beaucoup sont sur leur smartphone, une conductrice s’est endormie. Finalement, quelques conducteurs sortent enlever la barricade pour emprunter la sortie vers Quimper. Les manifestants partent : « On n’est pas là pour se battre. »
Entre 12 000 et 18 000 manifestants
Au même moment, à travers la zone commerciale de Gourvily, le cortège principal masse 18 000 manifestants selon la CGT, 12 000 selon la police. Opposés à la réforme des retraites, écœurés par l’usage du 49-3 et remontés par l’entretien télévisé d’Emmanuel Macron, ils bravent la pluie. « La violence vient du gouvernement. Hier, le président de la République a jeté de l’huile sur le feu, c’est son discours méprisant qui pousse les gens dans la rue », fustige Noëlle Peo’ch, retraitée.
Reforme des retraites : soutenez-vous les manifestations sauvages et blocages ?
« Passer en force va détruire la confiance »
Sous un parapluie noir, Florence, professeure de droit à l’IUT de Quimper, ne se résout pas : « Le 49-3 peut être utilisé, mais pas pour une réforme contre laquelle des millions de personnes défilent depuis des semaines. Je souhaite qu’il y ait des négociations et j’espère que ça ne va pas s’énerver car cela décrédibiliserait le mouvement. Passer en force va détruire la confiance que les gens ont dans les institutions et, aux prochaines élections, je n’ai pas envie que l’extrême droite arrive au pouvoir. »
La préfecture protégée par les forces de l’ordre
Le centre-ville, habituellement arpenté par les manifestants, est jusqu’alors préservé de toute protestation. Pourtant, vers 13 h, les CRS bouclent les rues longeant la préfecture. Quelques heures plus tard, une poignée de manifestants, tentant de s’approcher, est contenue de l’autre côté des quais, à l’angle de la rue du Parc et de la rue Saint-François, avant de se disperser vers 15 h. Les CRS ont définitivement quitté les lieux peu avant 16 h, signant la fin de cette journée de mobilisation.
Elise DA SILVA GRIEL, Julie DURAND et Soizic ROBET
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/blocages-12-000-manifestants-journee-hors-norme-contre-la-reforme-des-retraites-a-quimper-of-fr-23-03-23/