Boulangerie à Quimperlé : le désarroi de Nadège et Lionel face à la hausse du coût de l’électricité (OF.fr-26/01/23)

Nadège et Lionel Boulanger, dans leur boulangerie, L’ami du pain, rue Génot. Ils tiennent leur commerce depuis onze ans.

À l’instar de très nombreux boulangers en France, Nadège et Lionel Boulanger, qui tiennent L’ami du pain depuis 11 ans, rue Génot à Quimperlé (Finistère) souffrent énormément face à la hausse du coût de l’électricité. Ils ont été obligés de prendre des mesures drastiques.

Pour eux, c’est du jamais vu. Nadège et Lionel Boulanger sont installés depuis onze ans, rue Génot. Onze ans qu’ils ont ouvert leur boulangerie-pâtisserie, L’ami du pain. Lui, 36 ans, est dans le fournil et le laboratoire, elle, 33 ans, à la vente avec son éternel sourire.

Mais depuis quelques mois, ils se font des cheveux blancs.

Dès le mois d’août, nous avions anticipé cette hausse du coût de l’énergie, même si nous ne savions pas de combien elle serait. Nous n’avons pas licencié, mais nous n’avons pas reconduit les contrats d’une vendeuse à 35 heures par semaine et d’une pâtissière à plein temps. Actuellement, nous travaillons avec deux boulangers, avec Lionel à la pâtisserie et une apprentie vendeuse Et nous venons de demander à l’un de nos boulangers de passer de 35 à 30 heures par semaine. Il a accepté​, explique Nadège.

Plus 266 % sur la facture d’électricité

Et la boulangère de donner quelques chiffres qui font froid dans le dos. « Pour le dernier trimestre 2022, nous avons subi une hausse de 52 % de notre facture d’électricité. À partir du 1er février, ce sera plus 266 %. Ce n’est pas répercutable. On ne peut pas augmenter tous nos produits et mettre la baguette à deux euros. Il n’est pas question de pénaliser nos clients. Nous avons déjà augmenté nos prix en octobre 2022, pour compenser la hausse des matières premières »

Pour le mois de janvier 2022, leur facture d’électricité était de 1 200 €. Pour janvier 2023, elle est de… 3 992 €. 1 700 € en décembre 2021, 2 500 € en décembre 2022 en consommant moins. Notre jour de repos, le mercredi, on le passe à négocier avec les assurances et les banques. Nous essayons de gratter le moindre euro. Les frigos, par exemple, on les coupe deux heures chaque nuit. On va acheter des programmateurs et les installer.

Le jeudi, ce sera fermé

Autre solution décidée par le couple : un jour de fermeture supplémentaire. Ce sera le jeudi, toute la journée. À partir du 2 février. Pour réussir à faire des économies sur l’électricité.

​Le choix de ce jour de la semaine n’est pas anodin. C’est notre jour le plus calme de la semaine. Ce n’est pas plaisant, mais cela est nécessaire. Est-ce que cela sera suffisant ? Je le saurai dans quatre ou cinq mois. Actuellement, je ne vois pas ce que l’on peut faire de plus pour faire des économies. On voit au jour le jour. ​Sans aucune lisibilité. Sans savoir combien de temps durera cette fermeture du jeudi.

Le couple a même envisagé de faire commencer la journée de travail plus tôt à son personnel, pour qu’il travaille en heure creuse. Mais les employés basculeraient alors en heures de nuit. Il faudrait les payer plus cher… et ils partiraient plus tôt et on pourrait alors manquer de pain.

Nous donnons l’impression de pleurer et de mendier. Mais nous ne voulons pas d’aide, juste que les tarifs redeviennent raisonnables. Mais nous n’avons aucune nouvelle de la part du gouvernement. On verra si des solutions sont apportées et proposées.

​Les Boulanger n’ont pas le droit au bouclier tarifaire, mais ils peuvent bénéficier de l’amortisseur électrique. Nous avons adressé les documents à notre fournisseur d’électricité et effectué une simulation. Nous pouvons récupérer 159 € par mois.

Une fermeture envisagée

De plus, quand nous appelons EDF, nous n’avons jamais la même personne au bout du fil et jamais les mêmes explications.

Avec les mesures qu’ils ont prises, les Boulanger font le dos rond, espérant des jours meilleurs. On ne veut pas perdre notre fonds de commerce. C’est notre retraite. Nous ne sommes pas les seuls à souffrir, mais nous travaillons depuis l’âge de 15 ans, on fait des heures et on aime ce que l’on fait. Mais là, nous sommes dégoûtés et nous avons perdu notre gnaque.

Nadège et Lionel sont propriétaires. C’est une chance. Nous avons même envisagé de fermer et de louer la boulangerie en un local commercial et de transformer le fournil en appartement. Va-t-on devoir se séparer de ce que l’on a acquis ? Nous avons travaillé tellement dur pour tout ça.

Nadège pense aussi à ces collègues. Dans les boulangeries des petits bourgs, où ils ne sont que deux, où ils travaillent en couple. Comment font-ils ? Ils n’ont pas vraiment de marge, eux.

Vincent THAËRON

source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/quimperle-29300/boulangerie-le-desarroi-de-nadege-et-lionel-face-a-la-hausse-du-cout-de-l-electricite-ce507938-9d7a-11ed-8527-233d34cc2458

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