Brest. La Cantine : « Dans le contexte climatique, autoriser cette construction est irresponsable » ( OF.fr – 04/11/22 – 17h46 )

Vingt-deux pins de Monterey ont été abattus par le promoteur Oceanic en charge du projet de la Cantine.
Vingt-deux pins de Monterey ont été abattus par le promoteur Oceanic en charge du projet de la Cantine.

Le projet immobilier de la Cantine fait polémique depuis plusieurs années au Relecq-Kerhuon (Finistère). Le ressentiment a été ravivé après l’abattage de 22 arbres par le promoteur le 24 octobre 2022. Retour sur les raisons de la colère des opposants.

La Cantine est située à côté du Spadium parc sur l’ancien site de la Poudrerie d’État, au Relecq-Kerhuon (Finistère). Il s’agit d’un projet immobilier comprenant un immeuble de cinq étages de 53 logements, du T2 au T6, face à la rade, incluant des commerces, un restaurant et un parking de stationnement en sous-sol. « Il était également question de faire une maison de santé et une pharmacie. On sait déjà que la pharmacie ne se fera pas », souligne Gérard Marsollier, conseiller municipal membre du collectif Vert Le Relecq-Kerhuon.

L’acte a été revendiqué par « Le berger du quartier », un opposant au projet. | OUEST-FRANCE

Quand le projet a-t-il vu le jour ?

Brest Métropole aménagement (BMA) rachète le terrain à BMO, en 2007. En 2008, Yohann Nédélec est élu maire. L’aménagement de « l’entrée ouest de la ville » est à son programme. Mais il ne sera lancé qu’au cours de son deuxième mandat. Laurent Péron est alors son adjoint aux finances. En 2015, une commission pour choisir un promoteur est composée au sein de BMA. C’est d’abord le projet de Nexity qui est choisi. Yohann Nédélec n’est pas de cet avis et démissionne de BMA. Il engage un bras de fer avec le président de BMA, Thierry Fayret, qui dure deux ans. Puis Yohann Nédélec fait voter le rachat de la parcelle de la Cantine par la ville du Relecq-Kerhuon, en 2017. Dans la foulée, un appel à projet est lancé. C’est le promoteur Azria, du groupe Oceanic, qui remporte l’appel. Il doit faire l’acquisition du terrain pour 1,6 million d’euros. En 2018, le permis de construire est délivré. C’est aussi à ce moment-là que le projet est dévoilé à la population. En 2020, Laurent Péron est élu maire du Relecq-Kerhuon.

Quelles sont les raisons de la fronde autour du projet immobilier de la Cantine ?

Depuis qu’il a été dévoilé à la population, le projet de la Cantine est devenu brûlant. Un collectif d’opposants « Les amoureux et amoureuses de la rade de Brest » s’est constitué. Le 24 octobre 2022, les 22 pins de Monterey qui peuplaient le terrain ont été abattus par le promoteur. Provoquant l’indignation de nombreux habitants. « Le maire nous avait dit qu’ils étaient malades. Mais en observant les troncs, on n’a pas vu une trace de maladie », avance Gérard Marsollier. « Il y a eu vraiment un manque de concertation avec la population, lance Jean-Pierre Monot, du collectif d’opposants. Ce projet constitue une rupture d’urbanisation. Ce site, situé à 50 m de la mer, non loin du Stang Alar et de la vallée du Costour, est très prisé des promeneurs. Le lieu aurait mérité d’être aménagé autrement plutôt que d’être bétonné. »

Les opposants au projet de la Cantine dénoncent la bétonisation du littoral. | OUEST-FRANCE

Quel impact sur l’environnement ?

Le site de la Cantine est dans une zone submersible, selon la cartographie réalisée en 2013 par le Cerema. « Dans le contexte du réchauffement climatique qui s’accélère, notamment documenté par le Giec, autoriser ce genre de construction c’est irresponsable », conteste Jean-Pierre Monot. Sans oublier, que ce site qui a accueilli la Poudrerie d’État puis un abattoir, est pollué, au mercure notamment. « Une opération de dépollution doit être engagée », indique Gérard Marsollier. Lorsque le projet était encore à BMA, cela avait été chiffré à 280 000 €. Le promoteur aurait ensuite annoncé un montant d’un million d’euros. « Ce qui nous fait douter de la capacité de ce promoteur à dépolluer le site », ajoute l’élu.

Des recours sont-ils encore possibles pour les opposants au projet ?

Les nombreux recours pour faire annuler le projet immobilier auprès de la justice ont été engagés. Tous ont été rejetés. « De ce côté, on ne peut plus rien faire. Mais on va rester attentif aux opérations de dépollution et suivre le chantier », assure Gérard Marsollier. « Ce qui se joue ici, c’est de savoir ce que l’on veut en termes d’aménagement du territoire pour nos enfants. On souhaite être davantage associé aux projets. C’est comme ça que l’on fera bouger les lignes », conclut Jean-Pierre Monot.

Auteur : Emmanuelle CADIEU.

Source : Brest. La Cantine : « Dans le contexte climatique, autoriser cette construction est irresponsable » (ouest-france.fr)

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