Budget 2025 : comment le camp présidentiel est prêt à brader le patrimoine public pour sauver celui des riches (H.fr-21/10/24)

« Que faisons-nous encore dans Orange, Stellantis, la FDJ ? », écrivent les parlementaires libéraux Olivia Grégoire, Gérald Darmanin et Mathieu Lefèvre. ©️ Firas Abdullah/ABACAPRESS.COM

Pour éviter les hausses d’impôts sur les plus fortunés et les entreprises, trois députés macronistes proposent que l’État vende ses parts dans des sociétés cotées. Une fausse bonne idée pour les comptes publics. Et une véritable impasse libérale, qualifiée de « débat intéressant » par le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.

Par Gaêl De SANTIS.

Ce qu’il reste de la Macronie est prête à brader ce qu’il reste des bijoux de famille. Olivia Grégoire, Gérald Darmanin et Mathieu Lefèvre suggèrent que l’État se défausse d’un dixième de ses actions dans les sociétés cotées. « Vendre seulement 10 % de ces participations rapporterait autant, voire plus, que la hausse contre-productive de l’impôt sur les sociétés ou l’augmentation des charges du travail prévues par le gouvernement », écrivent les parlementaires libéraux qui interrogent « que faisons-nous encore dans Orange, Stellantis, la FDJ ? » Le camp présidentiel veut donc céder le patrimoine de l’État, lui qui a fait bondir depuis 2017 la fortune des 500 familles les plus riches de 570 milliards d’euros à 1 000 milliards aujourd’hui, tout en faisant exploser la dette…

Un calcul à la petite semaine. À touts points de vue, comme l’a rappelé Charles de Courson, le député rapporteur général du budget : « Fin juin 2023, la dette de l’État était de 2 628 milliards d’euros. Ces déficits viennent dégrader la situation nette de l’État, c’est-à-dire l’écart entre son actif et son passif, solde négatif égal à 1 875 milliards d’euros fin 2022 ». Pensée pour remplacer les 60 milliards d’euros de recettes nouvelles que produisaient les amendements votés en commission des Finances, la « solution » des trois députés libéraux va donc en réalité doublement dégrader la situation nette de l’État.

En 2023, les actions ont rapporté 2,34 milliards d’euros

Ce plan est, de plus, totalement court-termiste : le montant des participations de l’État avoisine les 180 milliards d’euros. En céder 18 milliards d’euros, c’est se priver de dividendes futurs. En 2023, les actions ont rapporté 2,34 milliards d’euros. Brader 10 % des actions de l’État, c’est se priver de centaines de millions d’euros pour les budgets 2026 et 2027, sans créer de recette supplémentaire. Et c’est même perdre de l’argent à moyen terme… Un précédent illustre parfaitement cette situation. Le gouvernement de Dominique de Villepin avait vendu les autoroutes pour près de 15 milliards d’euros en 2005. Depuis, les concessionnaires autoroutiers se sont versés 55 milliards d’euros de dividendes, qui ont échappé aux caisses de l’État.

Autre exemple, présenté par le député PS Philippe Brun, celui de la vente de 50 % des actions de la Française des jeux en 2019. Résultat : « Le dividende perçu par l’État est ainsi passé de 89 millions d’euros en 2018 à 18 millions en 2019. » Par ailleurs, la valeur des actions est passée de 19 à 51 euros en 2021. « L’État aurait été bien plus riche en conservant ses parts », tranche le parlementaire.

Cela n’empêche pas le ministre du Budget Laurent Saint-Martin de trouver le « débat intéressant ». Un autre débat l’aurait été encore davantage : dans quelles entreprises l’État doit-il investir pour relancer l’industrialisation ? Ironie du sort, cette proposition advient à l’heure où l’État entre stratégiquement au capital d’Oppelia, filiale de Sanofi qui commercialise le Doliprane en passe d’être vendu au fonds américain CD & R. Les participations de l’État sont aussi une question de souveraineté… À noter qu’Éric Ciotti est lui favorable à de nouvelles privatisations. Preuve que le souverainisme européen de la Macronie ou national de l’extrême droite ne sont que des masques pour cacher leur soumission au marché.

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Source: https://www.humanite.fr/politique/budget/budget-2025-comment-le-camp-presidentiel-est-pret-a-brader-le-patrimoine-public-pour-sauver-celui-des-riches

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