
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’est dit « prêt », dimanche 17 novembre, « à ce que seulement la moitié (de la réduction des exonérations de cotisations patronales), 2 milliards d’euros puissent être demandés aux entreprises ». La veille, le patron du Medef avait réitéré ses exigences consistant à faire payer la note aux salariés plutôt qu’à leurs employeurs.
Par Julia HAMLAOUI.
Les montants sont astronomiques : les exonérations de cotisations patronales ont doublé en dix ans pour atteindre près de 80 milliards d’euros. Le gouvernement, pour donner le change alors qu’il prévoit 40 milliards de coupes budgétaires minant services publics et droits sociaux, avait annoncé que ces exonérations seraient réduites de 4 milliards, en guise de contribution « à l’effort » face au déficit creusé par les multiples cadeaux aux plus riches et grandes entreprises des quinquennats Macron. Mais face à la levée de boucliers du Medef, l’exécutif engage la marche arrière. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’est ainsi dit « prêt », dimanche 17 novembre, « à ce que seulement la moitié, 2 milliards d’euros puissent être demandés aux entreprises ».
La note présentée aux salariés
La veille, le patron des patrons Patrick Martin, invité en Une du Parisien, renouvelait son plaidoyer contre « la hausse du coût du travail » fait d’omissions et de chantage à l’emploi. « Si on cumule les 4 milliards d’euros de réduction des allègements de charges, les 2,5 milliards d’euros transférés de l’assurance maladie aux complémentaires santé – et, donc, aux entreprises -, le 1,5 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’apprentissage, cela fait 8 milliards d’euros de hausse du coût du travail. Ce qui correspond aux salaires bruts moyens annuels de 300 000 salariés », a assuré le président du Medef, qui, en octobre, avait déjà mené une opération du même type pour obtenir davantage d’austérité et de casse sociale, en lieu et place d’une contribution des entreprises. Pas plus que dans le Parisien, il n’avait alors évoqué dans les Échos, les près de 200 milliards d’aide distribuées sans conditions ou les 100 milliards reversés à leurs actionnaires par les entreprises du CAC 40 en 2023.
Cette fois, Patrick Martin assure avoir la recette miracle : la mise en place d’une « TVA sociale ». Ou comment faire payer à tous les allégements de cotisations, via une taxe des plus injustes puisqu’elle pèse bien davantage dans le budget des plus modestes que des plus fortunés. « Les 10 % les plus modestes consacrent 12 % de leur revenu à cette taxe contre 5 % pour les 10 % les plus aisés. C’est l’impôt le plus antisocial », a dénoncé dans la foulée le député communiste Stéphane Peu, sur X (ex-Twitter).
Si cette option est pour l’heure rejetée par le ministre du Budget, Bercy ne manque pas d’idées pour faire payer la note aux salariés. Antoine Armand, ministre de l’Économie et des Finances, qui avait déjà dit début novembre souhaiter « atténuer » la hausse des cotisations patronales sur les bas salaires prévue dans le budget 2025, sans chiffrer cette proposition, avait mis sur la table « d’autres efforts »… pouvant porter sur la durée du travail. « On ne travaille pas assez pour financer notre protection sociale », a renchéri dimanche son collègue Laurent Saint-Martin, se déclarant « favorable » à la proposition du Sénat des 7 heures de travail supplémentaires par an sans rémunération demandées aux actifs pour financer la Sécurité sociale.
Reste que Patrick Martin a déjà prévenu qu’il ne s’accommoderait pas de « demi-concession », refusant le moindre euro de contribution supplémentaire des entreprises.
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