
Le volet recettes du projet de loi de finances 2025 a été rejeté par 192 voix pour et 362 voix contre. L’extrême droite est venue à la rescousse de l’exécutif pour repousser un texte largement amendé par la gauche.
Par Gaël De SANTIS.
Les victoires comme les défaites sont souvent en trompe-l’œil à l’Assemblée nationale tant la situation peut à tout moment basculer d’un côté comme de l’autre. Mardi matin, lors des points presse, la présidente du groupe FI, Mathilde Panot, comme la porte-parole des députés écologistes, Léa Balage El Mariki, célébraient encore leur capacité à « construire des majorités ».
Elles soulignaient les multiples amendements que la gauche a fait voter dans l’Hémicycle sur la partie recettes du projet de loi de finances (PLF) 2025 pour taxer les riches et les multinationales, financer notre modèle social et soutenir les plus modestes. Le chef de file des députés PCF, André Chassaigne, se félicitait lui aussi : « J’irais presque jusqu’à dire que ce premier volet de budget a un parfum de classe. »
Le RN sauve la mise à Michel Barnier
En fin d’après-midi, c’est bien l’intérêt de classe qui s’imposait, mais dans un rapport de force inverse. Les élus macronistes et LR ont voté contre le premier volet du budget, avec l’appoint des députés RN, annihilant ainsi le travail d’amendement obtenu par la gauche.
« Le nouveau gouvernement, constitué au mépris des résultats électoraux, est resté campé dans ses certitudes, tel le gardien du temple néolibéral, rôle qu’il ne peut désormais occuper qu’avec l’assentiment de l’extrême droite, qui assure la présidence de son conseil de surveillance », a attaqué le communiste Nicolas Sansu. Pour se justifier, le député RN Matthias Renault a expliqué refuser toute « augmentation générale des impôts », en plus de stigmatiser les « impôts zinzins » de la gauche.
Après la motion de censure évitée en septembre, le RN sauve donc une fois de plus la mise du gouvernement Barnier, dans un contexte où les élus macronistes et LR ont plus que bu la tasse lors des discussions. « On n’a pas beaucoup aperçu les membres du bloc central sur les bancs. Ce n’était pas un désert médical, c’était un désert parlementaire », ironise André Chassaigne. Conséquence : la gauche avait la main libre pour faire adopter ses amendements.
Le volet dépenses ne pourra pas être débattu à l’Assemblée
Mais cette débandade de la droite a permis à l’extrême droite d’enregistrer des victoires. Le 25 octobre, grâce à la faible mobilisation macroniste et à l’abstention de la FI, Jean-Philippe Tanguy a fait voter un amendement réduisant de 5 milliards d’euros la contribution de la France au budget de l’Union européenne (UE). Pour rectifier le tir, les députés ont dans la foulée tout simplement abrogé l’article en question, si bien qu’en l’état, le texte abroge tout financement aux institutions communautaires !
Du pain béni pour le gouvernement, dont les partisans se saisissent de cette argutie afin de justifier leur refus de voter les recettes. « Ce serait un Frexit de fait », déplore Jean-Paul Mattei, ancien président de groupe Modem, à l’unisson avec le reste de la Macronie et de la Droite républicaine.
Le volet recettes n’ayant au final recueilli que 192 voix pour (et 362 contre), c’est donc le texte initialement prévu par le gouvernement de Michel Barnier qui sera examiné au Sénat, où la droite règne en maître. Ce rejet a de plus une conséquence gravissime, puisqu’il empêchera les députés d’examiner le volet dépenses du budget. Les adversaires du NFP privent donc toute l’Assemblée de débat sur le sujet… « Les missions qui devaient être votées dans l’Hémicycle ne seront pas discutées », déplore André Chassaigne. Au final, toute la France y perd.
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