
Par Yan Gauchard (Presse Océan)
Les élus municipaux d’opposition fustigent « le manque de contrôles ayant conduit à l’exposition d’un décor incitant à commettre des violences contre des policiers » sur le fronton de la buvette d’un festival organisé par la Ville au cours du week-end passé. Guillaume Richard (Horizons) exige la suppression des subventions qui sont allouées au collectif qui a eu en charge la gestion du stand.
Le feu gronde encore. Même si Johanna Rolland, maire PS de Nantes, a condamné avec la plus grande fermeté
la mise en place du décor anti-police qui a orné la buvette, gérée par un collectif associatif, installée sur le site du festival « Scènes vagabondes 2023 » le week-end dernier, la polémique n’est pas près de s’estomper. Dénonçant des visuels qui ne sont rien d’autre que des appels à la haine
, le préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze, a immédiatement procédé à un signalement auprès du procureur de la République. Lequel a saisi la direction territoriale de la police judiciaire « d’une enquête portant sur des faits susceptibles d’être qualifiés de provocation publique à la commission d’atteintes volontaires à la vie, à l’intégrité des personnes, par écrit, dessin, peinture
.
« Une initiative de dernière minute »
Puissance organisatrice du festival, la Ville met en avant que les dessins et inscriptions outrageants, qui paraient un habillage en bois, ont été occultés rapidement
après qu’une personne du public a alerté l’équipe en charge de superviser l’événement sur le terrain. Ladite équipe, assure-t-on, n’a pas eu connaissance auparavant de la présence de ces motifs venimeux. Aux dires de la mairie, l’installation du décor est une initiative de dernière minute
orchestrée sans même l’accord
du collectif gérant la buvette, en l’espèce Quai des chaps, structure renommée dans la métropole qui promeut les arts nomades.
« Enquête interne » diligentée
Pour déminer l’affaire, Johanna Rolland a demandé au directeur général des services de la Ville de diligenter une enquête interne pour comprendre ce qui avait conduit à cette situation
». Le collectif Quai des chaps, est-il indiqué dans un communiqué officiel, va recevoir un courrier de rappel à l’ordre
, mentionnant que les personnes responsables du montage et de la tenue de la buvette
, à l’origine de la controverse, ne pourront évidemment plus participer aux prochaines éditions des Scènes vagabondes
.
« Johanna Rolland a peur de se fâcher avec l’extrême gauche », attaque Julien Bainvel (LR)
Réponse largement insuffisante, tacle Julien Bainvel, élu d’opposition Les Républicains (LR). La défense de la mairie, c’est de dire : ’’Ce n’est pas de notre faute et on a réagi dès qu’on a su’’. J’imagine que des élus et des équipes techniques sont passés sur le festival durant le week-end et personne n’a rien vu ? Cela paraît quand même énorme… d’autant qu’il y a manifestement eu l’alerte d’un habitant dès la journée du jeudi…
La situation, fustige Julien Bainvel, est révélatrice du climat régnant au sein de la majorité nantaise
. Il décoche : Johanna Rolland a peur de se fâcher avec l’extrême gauche, elle cherche à ménager sans cesse la chèvre et le chou car elle a 2026
(date des élections municipales, ndlr) dans le viseur
.
Guillaume Richard (Horizons) favorable à la suppression des subventions dont bénéficie le collectif
Guillaume Richard, autre élu municipal d’opposition (Horizons), « crante » le débat un peu plus. Lui se dit favorable, à l’avenir, à la suppression de la totalité des subventions allouées
au collectif qui était à la manœuvre derrière la buvette. Désolé mais l’affaire est trop grave et il faut être hyper clair en la matière
, tranche Guillaume Richard. On ne peut pas dire que la personne qui a installé la déco est la seule responsable. Il y a un minimum de contrôles à opérer ou alors c’est la porte ouverte à tous les dérapages…
Le mea-culpa d’un membre du collectif à TéléNantes
La question des sanctions doit être posée
, abonde Julien Bainvel, en se gardant de réclamer la suppression pure et simple des aides de la Ville au collectif. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas se contenter d’un rappel à l’ordre. Si j’étais maire ou adjoint, je convoquerais les membres du collectif et les agents de la Ville en charge de ce dossier pour mettre les choses au clair et étudier les sanctions qui peuvent s’appliquer…
Quai des chaps, qui a investi un site mis à disposition de la Ville de Nantes dans le quartier Doulon-Gohards, demeurait injoignable hier. Mais l’un des membres du collectif s’est fendu d’un mea-culpa le 4 juillet auprès de TéléNantes, confiant : Je n’ai pas tilté. C’est une erreur, un manque de vigilance de notre part. Le tort, c’est de ne pas avoir fait attention, surtout dans le contexte actuel ».
Un décor qui a déjà servi
Le décor, note-t-on encore, a été récupéré auprès d’une autre compagnie
. De fait, il a déjà été installé lors d’une autre manifestation puisque TéléNantes l’a repéré sur des images tournées lors d’une précédente édition de l’événement techno Sweat Lodge. Hier, aucun représentant de cette association n’a répondu à nos sollicitations. Aucun élu n’a répondu non plus aux attaques de l’opposition, en dépit de nos demandes.
Des tags et des fresques qui hérissent la droite
Julien Bainvel, élu nantais d’opposition (Les Républicains), dénonce la trop grande permissivité
de Johanna Rolland, maire PS, à l’égard des messages d’hostilité proférés à l’encontre des forces de l’ordre. Les tags anti-police ’’Acab’’
(« All cops are bastards ») restent à demeure depuis des semaines dans les rues de Nantes alors que la politique affichée officiellement par la Ville est d’effacer sur-le-champ les messages injurieux et diffamatoires
, relève-t-il.Et ce, malgré les nombreux signalements effectués par la population.
À cet égard, nul doute que la droite va s’ériger contre l’apparition de nouvelles fresques, ce mercredi 5 juillet du côté de la carrière Misery, représentant des policiers arborant une tête de mort ou des figures de chiens, tenant en joue des personnes allongées au sol.
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