« Ça va être l’hécatombe » : en Centre-Bretagne, les petites pharmacies menacées d’extinction (LT.fr-21/02/25)

La pharmacie de Plouray, rue du Couvent, a baissé le rideau le 13 octobre 2023. (Le Télégramme/Janis Le Dalour)

Plus de pharmacie depuis un an à Plouray, depuis presque six mois à Meslan, bientôt fermée à Langonnet… En Centre-Bretagne, les municipalités peinent à trouver des repreneurs.

Par Janis Le DALOUR .

On connaissait les déserts médicaux, un peu moins les déserts pharmaceutiques. Avec 227 pharmacies dans le Morbihan et un peu moins de 1 000 en Bretagne, la région s’en sort plutôt bien. Pourtant, en Centre-Bretagne, le phénomène prend de l’ampleur et les pharmacies désertent de plus en plus les petits bourgs.

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« Profils difficiles à trouver »

À Plouray, environ 1 000 habitants, la seule officine de la commune a été placée en liquidation judiciaire en octobre 2023. Depuis, plus rien. « Dans les mois qui ont suivi la fermeture, il y a eu quelques candidats mais rien n’a abouti », indique le maire, Michel Morvant. La municipalité, propriétaire du bâtiment, est prête à proposer « des conditions très avantageuses en termes de loyer et de travaux. Ça peut être symbolique car c’est un service nécessaire », ajoute l’élu.

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À environ 20 km de là, à Meslan, la pharmacie est fermée depuis le mois d’octobre 2024, après le départ de Joël Le Quellec, qui a longtemps cherché un repreneur. Sans succès. Récemment, le maire, Sébastien Wacrenier, a inauguré une supérette et une boulangerie. « La pharmacie, c’est plus compliqué. Ce sont des profils difficiles à trouver, explique-t-il. Les candidats ne veulent plus se lancer seuls, ils souhaitent former une équipe de plusieurs pharmaciens et ouvrir de plus grosses officines ».

Le nerf de la guerre, c’est l’absence de médecins. Sans eux, une pharmacie ne sert à rien.

Pas de médecin, pas de pharmacien

Les patients, eux, ont pris leurs habitudes ailleurs. « Ils vont à Ploërdut, Rostrenen, Le Faouët, Gourin… », précise Michel Morvant. Des communes où, souvent, se trouvent aussi des médecins. Selon Antoine Vialle, co-président du syndicat des pharmaciens du Morbihan, « le nerf de la guerre, c’est l’absence de médecins. Sans eux, une pharmacie ne sert à rien », affirme-t-il. Le maire de Meslan émet une hypothèse : « Ce qui a pu jouer, c’est le départ des deux médecins à Berné même s’il nous en reste une ici ». À Plouray, la maison de santé compte deux médecins.

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L’attractivité du territoire entrerait dans la balance. « Les pharmacies rurales sont des structures peu rentables. Aujourd’hui, c’est difficile de travailler seul car les charges sont très lourdes. On dit que pour qu’une pharmacie vive, il faut au moins 2 500 habitants. Mais les populations migrent vers le littoral », avance Antoine Vialle. Loyers, masse salariale, emprunt, charges fixes… Les officines n’échappent pas à l’inflation. Sans compter que le métier attire moins. « On manque de pharmaciens, entre 1 000 et 3 000. Être chef d’entreprise est devenu compliqué, il faut un réel esprit entrepreneurial », détaille le co-président, qui table sur la disparition de centaines de pharmacies en France dans les dix prochaines années. « Ça va être l’hécatombe. Le meilleur scénario est la fusion, c’est-à-dire deux pharmacies qui s’unissent, souvent dans de plus grandes communes ».

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Source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/plouray-56770/ca-va-etre-lhecatombe-en-centre-bretagne-les-petites-pharmacies-menacees-dextinction-6763050.php

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