Casino : malgré quelques avancées, les syndicats déplorent un « volet social trop faible » dans le plan social (H.fr-11/09/24)

Plus de 3 000 salariés du groupe Casino sont menacés par le plan social. © ANDBZ/ABACA

Après être tombé dans le giron du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et avoir engagé une vaste restructuration en cédant ses hypers et supermarchés à la concurrence, le groupe Casino a lancé un plan social d’ampleur, prévoyant la suppression de plus de 3 000 postes en magasin, au siège et dans la logistique.

Par Léo SCHILLING.

Sept plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) dans sept entreprises du groupe Casino, environ 3 000 salariés concernés : c’est le plus grand plan social de l’année 2024 en France. Les organisations syndicales ont négocié tout l’été avec les équipes de direction pour arracher des améliorations sur les modalités des licenciements. Si les quelques avancées obtenues illustrent le rôle central des syndicats dans la défense des droits des travailleurs, la plupart d’entre eux dénoncent un volet social trop faible et soulignent le manque d’informations fournies par la direction du groupe Casino durant la procédure.

Alors que les dirigeants du groupe affirment avoir organisé des reclassements externes anticipés à la demande des syndicats, c’est bien trop peu, selon Bruno Mesmin, délégué syndical CFDT et salarié chez Easydis, la branche logistique du groupe Casino : « Quatre entrepôts Easydis ont déjà été fermés et les employés vont de fait subir des licenciements secs, ce qui représente 500 à 600 personnes. Seulement soixante personnes dans notre entreprise ont pour l’instant été reclassées ». Il ajoute que « 25 magasins n’ont pas trouvé de repreneurs et vont devoir fermer », faisant référence à la vente des hypermarchés et supermarchés Casino cédés à Auchan, Intermarché et Carrefour.

« Un monologue de la direction »

Un discours confirmé par Dave Boiveau, lui aussi délégué syndical Easydis, côté CGT : « Nous avons demandé avant le plan social la mise en place de reclassement externe anticipé, ou de dispense d’activité permettant aux salariés de mettre leur contrat en suspension tout en bénéficiant du PSE, mais la majorité des départs restent des départs contraints ».

Fin juin, un accord de principe sur les conditions du PSE a été signé entre certaines organisations syndicales et la direction. Pourtant, les représentants syndicaux dénoncent les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociations.

Pascal Pachod, délégué central CGT Distribution Casino France (DCF), en charge des magasins Casino, dénonce un « monologue de la direction, qui nous a dit que le PSE serait signé soit selon leurs conditions, soit au minimum légal. Ils s’appuyaient le mauvais état des finances du groupe pour esquiver nos demandes ».

Au sein de Distribution Casino France, en charge des magasins, et chez Easydis, les syndicalistes se montrent déçus des maigres avancées sociales obtenues pour les salariés. Dave Boiveau confie avoir signé l’accord de PSE à contrecœur, pour « suivre la volonté des salariés », sans avoir pu négocier à la hausse les congés de reclassement et les indemnités supralégales. Du côté de la CFDT, minoritaire chez Easydis et qui n’a pas signé l’accord, on déplore que les syndicats ne soient pas restés soudés jusqu’au bout, ce qui aurait pu permettre « d’obtenir plus de garanties ».

Les modalités des PSE diffèrent selon l’entreprise, puisque les discussions se sont mieux déroulées au siège de Monoprix (propriété de Casino), où 95 personnes sont concernées par le plan social, selon Patricia Virfolet, déléguée syndicale centrale CFDT : « La plupart de nos demandes ont été acceptées, nous avons obtenu une revalorisation des indemnités supralégales et des congés de reclassement par rapport à ce qui était proposé par la direction, ainsi que la mise en place de primes dans certains secteurs et la prise en charge des formations ».

Contactée par L’Humanité, la direction de Casino affirme accompagner « l’ensemble des salariés tout au long de ce plan de sauvegarde de l’emploi, qu’ils soient concernés ou pas par des suppressions de poste » et que « chaque personne se verra proposer une solution adaptée à sa situation ». Elle ajoute également que les représentants du personnel ont été informés des différentes mesures d’accompagnement.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/casino/casino-malgre-quelques-avancees-les-syndicats-deplorent-un-volet-social-trop-faible-dans-le-plan-social

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