
Une cinquantaine d’agriculteurs de la Confédération paysanne se sont réunis devant le conseil départemental du Finistère, à Quimper, vendredi 20 décembre. Ils réclament un assouplissement de la loi qui conditionne le versement du RSA à 15 heures d’activité par semaine.
Par Laura AYAD
« La terre est basse, la terre est lasse. » Dans le regard des agriculteurs réunis devant le conseil départemental du Finistère, ce vendredi 20 décembre, il y avait effectivement beaucoup de découragement. Et de colère. Le temps de quelques heures, ces derniers ont quitté leurs exploitations pour dénoncer la réforme du RSA (Revenu de solidarité active). Expérimentée dans le Finistère depuis le 1er mars 2024 avant une généralisation à l’ensemble des départements le 1er janvier 2025, cette réforme conditionne le versement du RSA à la réalisation d’au moins 15 heures d’activité hebdomadaires. Les activités concernées par le dispositif sont variées : immersion en entreprise, obtention du permis de conduire, réalisation de démarches d’accès aux droits, participation à des activités dans le secteur associatif…
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Une réforme qui met à mal le monde agricole
« Cette réforme se justifie dans le cadre d’un accompagnement personnalisé de recherche d’emploi, mais ne peut s’appliquer aux agriculteurs », affirme Maryvonne Le Hir, maraîchère à Berrien. « Du fait de baisses de ressources temporaires ou prolongées, de nombreux agriculteurs sont éligibles au RSA. Ceux qui le demandent le font parce qu’ils n’ont vraiment pas d’autre choix. Leur retirer cette aide, c’est leur tirer une balle dans le pied. »
D’un point de vue logistique, elle déplore une réforme impossible à mettre en œuvre dans le monde agricole : « Quand on a 60 heures de travail voire plus par semaine, c’est impossible de travailler ailleurs ! ». À une époque, elle aussi a bénéficié du RSA : « Si je n’y avais pas eu le droit, ça aurait été très compliqué. Le RSA, c’est une bouée. Ce n’est pas le moment de la crever ».
« Le RSA, c’est le dernier parachute avant la misère »
Romain, jeune agriculteur en cours d’installation, estime que la réforme va créer de la casse sociale : « Le RSA a été ouvert au monde agricole pour éviter que des agriculteurs ne se retrouvent dans la misère. Parce qu’on le sait, le contexte économique ne nous est pas favorable. Retirer le RSA aux agriculteurs, c’est risquer qu’ils n’aient plus de quoi vivre ».
Bastien Moysan, porte-parole de la Confédération paysanne, aimerait plus de souplesse de la part du conseil départemental, en charge de l’application de la loi. « Ils nous disent qu’ils peuvent agir au cas par cas si nous leur faisons remonter des dossiers… Mais nous ne sommes pas des assistantes sociales ! Si le conseil départemental ne peut pas changer la loi, il peut l’appliquer avec plus de parcimonie et de d’intelligence. Chez les paysans, le RSA est bien souvent le dernier parachute avant la misère. Il faut que nos élus en aient conscience. »
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