Trois jours après l’incendie qui a touché la résidence universitaire de Lanrédec, à Brest, les étudiants qui ont perdu leur logement et une partie de leurs affaires ont pu compter sur l’élan de solidarité du campus.
Par Pierre CHAPIN et Paul BOHEC.
« Ça fait chaud au cœur, après ces derniers jours éprouvants pour tout le monde ». En cette fin de journée du lundi 31 mars 2025, au pied de la cité U de Kergoat, Yuna, étudiante en troisième année de licence d’anglais à la fac de Brest, balaie du regard l’impressionnante pile de vêtements collectés à l’initiative de l’Union Pirate. Le syndicat a décidé, dimanche après-midi, de lancer un appel aux dons de vêtements pour soutenir les « naufragés » de la cité U de Lanrédec, ces 75 étudiants relogés en urgence après l’incendie qui s’est déclaré dans la nuit de vendredi à samedi.
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Toute la journée, ce lundi, l’appel a résonné bien au-delà du campus, témoignant de l’émotion suscitée par le sinistre. Comme chez Pascale, sexagénaire qui n’a plus aucun lien avec la fac, mais qui est venue en matinée déposer pull, doudoune, soutien-gorge, serviettes et draps. Un geste « naturel », assure-t-elle : « Il n’y a pas de raison d’attendre qu’on soit aidé si on n’est pas capable de le faire nous-même ».
« Dur de tout recommencer avec rien »
Yuna n’en profitera pas. Comme les autres étudiants relogés depuis vendredi, elle a pu repasser brièvement dans sa chambre de Lanrédec, afin de récupérer quelques affaires. « Je vais avoir une nouvelle chambre vendredi normalement. En attendant, j’ai préféré aller chez une copine et poser un matelas plutôt qu’aller à l’hôtel. On est en mode camping, mais ça va ».
Lina et Clara, elles, après deux nuitées à l’hôtel pour l’une et dans la famille pour l’autre, ont été relogées ce lundi midi à Lanrédec 2. Les deux étudiantes disent la difficulté de « tout recommencer à zéro, d’arriver dans un appartement avec rien », si ce n’est cette « vue sur le bâtiment qui a brûlé », qui attise le sentiment d’un drame évité de peu.
Liana se refait le film d’une nuit d’angoisse, l’alarme qui sonne mais dont on ne fait pas cas, puis les voix, les cris dans les couloirs et au pied du bâtiment, la fumée qui envahit le petit studio. « Ça aurait pu être dramatique si ça s’était produit en semaine, avec une résidence pleine ».
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«Tout sent la suie »
Les deux filles ont, elles aussi, récupéré quelques vêtements dans leurs chambres. Clara a vu son tapis « plein de mousse, qui fait des bulles quand on marche dessus », un sac de vêtements totalement détrempé, du fait de l’action des soldats du feu. Elle a vu aussi « les bouteilles d’eau, les couvertures chauffantes qui sont restées devant l’immeuble. C’est choquant ». Et surtout la chambre d’où est parti l’incendie : « Il ne reste rien, pas même le lit ».
Étudiante en première année de psycho, elle devait passer un partiel ce lundi après-midi, mais est parvenue à annuler l’épreuve. « Je la passerai en juin, aux repêchages. Impossible d’avoir la tête à ça aujourd’hui ». Olivia, étudiante en troisième année de psycho relogée à Kergoat, a eu le même réflexe. « J’ai réussi à reporter mon exam’ à jeudi ».
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Ce lundi, elle a pu récupérer ses cours, son ordinateur et quelques vêtements dans son studio situé au quatrième étage de l’immeuble touché. « Quand ça a brûlé, j’ai juste eu le temps de prendre mon portable, un paquet de mouchoirs et une écharpe chaude ». Aujourd’hui, tout ce qu’elle a rapporté de sa chambre « est imprégné de l’odeur de suie. Les cours, les vêtements qui, même après lavage, sentent encore. Mais je ne vais pas me plaindre : certains ont tout perdu », souffle-t-elle à l’heure de regagner sa nouvelle chambre.
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