
Les patrons de la boulangerie Au Boulevard, à Saint-Brieuc, manifestent à Paris, ce lundi, avec leurs salariés. Avec une hausse de 211 % de la facture d’électricité en un an, ils craignent de devoir baisser le rideau.
Ce lundi 23 janvier, les portes de la boulangerie-pâtisserie Au Boulevard, dans le quartier Saint-Michel à Saint-Brieuc, restent fermées. Sonia Charpentier et Mathieu Carré, les patrons, et leurs neuf salariés montent manifester à Paris. Pour faire entendre les craintes de la profession. Et espérer être entendus pour ne pas devoir baisser le rideau définitivement.
« Aujourd’hui, on est en grosse difficulté, que ce soit ici ou dans notre autre boulangerie à Langueux, où l’on a huit employés », pose Sonia Charpentier. « Les clients sont là, le chiffre d’affaires est bon. Mais dès qu’on ouvre, on perd de l’argent ! ».
La facture d’électricité multipliée par trois
Après les impacts de la covid, ils ont été frappés de plein fouet par la hausse des matières premières en mars 2022. « On a été obligé d’augmenter nos prix en mai. C’est compliqué à expliquer aux clients même si beaucoup le comprennent », souffle Sonia. Qui met en avant la hausse de 135 % du beurre doux entre octobre 2021 et octobre 2022. Ou celle de 261 % de la levure sur la même période. « On a même dû arrêter de faire certains produits, comme le kouign-amann car il nous aurait fallu le vendre à des prix délirants ».
C’est ensuite leur facture d’électricité qui s’est envolée. Les nouveaux tarifs de leur contrat EDF sont entrés en vigueur le 1er octobre à Langueux et le 1er janvier 2023 pour Au Boulevard. « En appliquant ces nouveaux tarifs, on devrait payer 6 841 € pour janvier, contre 2 194 € en janvier 2022. C’est 211 % d’augmentation ! ».

Pas droit au bouclier
Le couple a changé ses méthodes de travail, réduisant son stock pour pouvoir éteindre deux armoires réfrigérées, se limitant à une fournée l’après-midi au lieu de trois. Mais la situation reste intenable, d’autant plus que Sonia et Mathieu ne peuvent bénéficier du bouclier tarifaire limitant la hausse à 15 %, les compteurs électriques de leurs deux boulangeries étant supérieurs à la limite fixée par l’État.
« On veut se battre jusqu’au bout. Même si, moralement et physiquement, c’est dur ».
« Avec le guichet d’aide au paiement des factures et l’amortisseur électricité, on arrive à 1 600 € d’aides pour janvier. Mais la partie du guichet, elle est rétroactive donc on ne le touchera qu’en mai », détaille Sonia. Une situation qu’ils ont fait remonter à l’adjoint au commerce de Saint-Brieuc, au député, au représentant de la CCI et au conseiller départemental à la sortie de crise. « Ils ont tous été à l’écoute. On a même une réunion prévue en mairie mardi avec d’autres boulangers du secteur », remercie la chef d’entreprise.
« Se battre jusqu’au bout »
Avant ça, ils vont donc battre le pavé, ce lundi après-midi, pour réclamer la mise en place d’un bouclier tarifaire pour tous. « C’est la première fois de notre vie. On a même regardé des vidéos pour trouver des slogans, glisse Mathieu. Mais on veut se battre jusqu’au bout même si, moralement et physiquement, c’est dur ». « On se doit de le faire pour nos salariés. Et pour nos clients », abonde Sonia.

Sans bouclier tarifaire, ils ne voient pas d’autre solution que de fermer définitivement dans les prochaines semaines. « Continuer comme ça, ce n’est pas possible, souffle Sonia. Le plus rageant c’est de se dire que ça serait pour des raisons qui ne sont pas de notre ressort. Si on travaillait mal, OK. Mais là, le chiffre d’affaires est au rendez-vous ».
Auteur : Julien Molla