Près de cent ans après les grandes grèves de 1924-1925, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, est à Douarnenez (Finistère), ce vendredi 5 avril 2024, en lien avec l’union locale du syndicat. Avant une table ronde sur les femmes et la grève, elle a passé une partie de l’après-midi chez Chancerelle, conserverie historique.
Par Marion GONIDEC.
« On le sait, il y a des débats, des conflits, ici à Douarnenez. Est-ce une ville carte postale pour les touristes ou est-ce qu’elle demeure une ville ouvrière marquée par ses luttes sociales ? C’est important de montrer que c’est toujours une ville ouvrière. » Ce vendredi 5 avril 2024, la secrétaire générale du syndicat Confédération générale du travail (CGT), Sophie Binet, a visité l’usine de sardines de la Conserverie Chancerelle, à Douarnenez (Finistère).
« Ces ouvrières ont joué un rôle très fort »
Pour son premier déplacement officiel dans le Finistère depuis son arrivée à la tête de CGT, en mars 2023, et alors que s’ouvre à Douarnenez le chapitre du centenaire des grandes grèves de 1924-1925, Sophie Binet a tenu à souligner que cette histoire « se vit toujours au présent. Ces ouvrières qui ont fait une grève historique, il y a cent ans, jouent un rôle très fort dans l’histoire féministe et l’histoire ouvrière, elles sont toujours là », estime la leader syndicale.
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« Une pénibilité moins reconnue »
À l’occasion d’une rencontre avec les représentants syndicaux CGT de chez Chancerelle et les ressources humaines, Sophie Binet s’enquiert notamment des conditions de travail des femmes, toujours ultra-majoritaires dans l’entreprise et sur les lignes. « Ce que la visite d’usine permet de confirmer, c’est que femmes et hommes n’occupent pas les mêmes postes de travail. En général, les postes dans lesquels les femmes sont concentrées sont moins bien rémunérés, avec une pénibilité moins reconnue. Les petits gestes, le port de charges cumulées sont moins bien pris en compte, que, par exemple, dans le monde du travail, le port d’un sac de ciment », illustre la secrétaire générale.
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« On sent la qualité du produit »
De son côté, la conserverie Chancerelle a tenu à souligner son fort ancrage local, à la différence de ses concurrents sur le territoire local, des sociétés aujourd’hui souvent détenues par des capitaux étrangers, thaïlandais ou italiens. « Ce qui est agréable, c’est qu’on sent la qualité du produit », reconnaît Sophie Binet.
« Nous sommes la dernière conserverie de taille, de septième génération, dont le centre de décision est à Douarnenez, avec 600 salariés ici. L’effectif a doublé en quinze ans et nous sommes le deuxième employeur de la ville », souligne Jean Mauviel, le directeur général. Ce dernier revient sur le process d’emboîtage à la main qui a toujours cours, contrairement à l’effritage, progressivement abandonné.
« Nous tenons au dialogue social »
« Gageons que leur qualification est rémunérée à la hauteur », lance Sophie Binet. « On y travaille, avec nos délégués », lui répond Jean-Christophe Ono, directeur des ressources humaines. « La plupart des femmes sont au premier coefficient », intervient Sébastien Friant, délégué syndical. « Nous tenons au dialogue social, il y a du respect, depuis plus de dix ans nous avons toujours signé les accords NAO (négociation annuelle obligatoire). Cela veut dire que nous sommes capables de trouver des compromis », assure Jean-Christophe Ono. « C’est important ! », lâche Sophie Binet.
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« J’ai connu les balancelles »
Irène Normant, ancienne déléguée syndicale, est entrée chez Chancerelle en 1985. Elle raconte à Sophie Binet l’évolution des conditions de travail. « J’ai connu les balancelles à l’ancienne, avant la chaîne. Les hommes déchargeaient les caisses en bois sur des balancelles qui tournaient, en hauteur. Nous, nous prenions le poisson sur les balancelles avant d’étriper, ce qui impliquait de lever les bras. Puis, ça s’est modernisé, les tapis sont arrivés. À l’époque, nous étions 200 femmes. » Après cette visite à la conserverie, la secrétaire générale est l’invitée de l’Union locale et départementale de la CGT, pour une rencontre et une table ronde sur les femmes et la grève.
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