D’ici fin décembre 2023, cinq médecins urgentistes de l’hôpital Yves-le-Foll à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) auront quitté le service en un an. Trois sont déjà partis. Tous ont pris une disponibilité de la fonction publique.

Sur les dix-sept médecins urgentistes du service de l’hôpital de Saint-Brieuc, cinq ont quitté le service. | OUEST FRANCE
C’est un départ quasi groupé, reflet de la détresse de l’hôpital public. D’ici décembre 2023, cinq médecins urgentistes auront quitté l’hôpital de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Le premier est parti en janvier. Deux autres ont suivi en septembre et les deux derniers ont déposé leur préavis pour la fin de l’année.
Un tel nombre de départs, « c’est la première fois », assure le Dr Christian Brice, l’un des médecins du service, qui est également délégué régional de l’Association des médecins urgentistes de France. Il n’y a pas de secret : « Ils étaient usés par la fonction et il y a une absence de lumière au bout du tunnel. »
« Il n’y a pas d’améliorations »
Les reproches sont nombreux. Par exemple, les médecins demandaient depuis longtemps à être trois de garde la nuit, contre deux actuellement. « Il a fallu quatre ans pour que ce soit accepté. Avec la vague de départ, ça ne pourra pas être mis en place », détaille Christian Brice.
Les locaux seraient également trop étroits. « Notre service est dimensionné pour 140 passages, on en prend 200 », poursuit le médecin. Qui assure que certains patients doivent donc patienter dans les couloirs. « Il n’y a pas d’améliorations, pas de perspectives. Ça devient insupportable », ne cache pas le médecin.
Des conséquences pour les patients
Sur un service qui comptait dix-sept médecins urgentistes, il n’en reste donc plus que douze. Et selon Christian Brice, aucun n’a été durablement remplacé. Même en intérim, « nous ne sommes pas très attractifs ».
Les conséquences pour les patients sont immédiates. « Il y a des trous dans les plannings, donc au lieu d’être six médecins la journée, nous ne sommes parfois que cinq. Ce qui allonge les temps d’attente », regrette le médecin.
« Une fuite en avant du corps soignant »
Le choc est d’autant plus fort que les cinq médecins avaient en moyenne 45 ans et, donc, une quinzaine d’années d’expérience. Les cinq professionnels ont pris des horizons différents : service de rééducation, de soins palliatifs, intérim, hôpital privé ou urgences de Guingamp.
Pour un syndicaliste de l’hôpital, ces démissions en série sont symptomatiques d’un hôpital gravement malade. « On a une fuite en avant du corps soignant, qui ne supporte plus les conditions de travail et préfère quitter le navire », dénonce un syndicaliste de l’hôpital.
Contactée, la direction n’était pas en mesure de répondre ce mardi soir.
Auteur : Tanguy HOMERY
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