
Non satisfaite du recul du gouvernement sur la question écologique, la Confédération paysanne a fait entendre sa différence, ce vendredi midi, en organisant un pique-nique paysan revendicatif sur un rond-point de Carhaix.
Par Jean-Noël POTIN.
« L’environnement, soit on s’occupe de lui, soit il s’occupe de nous ! », lance Riwal Bourdoulous, l’un des agriculteurs présents ce vendredi midi au rond-point du Poher, à Carhaix. Ils sont environ 200 à être venus dire leur colère après la volte-face du gouvernement, accusé d’avoir abandonné ses engagements dans le domaine de l’écologie. « C’est un retour en arrière de 20 ans sur les mesures environnementales », fustige Chloé Le Corre, de Plogonnec. Elle et son mari Antoine, éleveurs bio de viande bovine installés en Gaec depuis 2010, n’en reviennent pas de ce qu’ils qualifient de « reculade » : « Dans un contexte où les difficultés de la filière bio sont réelles, nous dénonçons le fait que les gros industriels se voient aujourd’hui favorisés. C’est une vraie distorsion de concurrence », clame-t-elle.
« On a oublié le bon sens paysan »
Cette action « Champ de l’heure », symbolisée par la confection de crêpes sur le rond-point, s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, la détermination des agriculteurs ne faisait aucun doute. Julien Tallec, porte-parole de la Confédération paysanne du Finistère et éleveur de bovins bio à Brennilis, se félicite de ce choix de mode d’action : « Il vaut sans doute mieux faire flamber des crêpes sur un rond-point plutôt que des pneus », lance-t-il. Le syndicaliste a ajouté que le lieu de la manifestation a été choisi principalement pour le symbole : « Nous sommes ici tout près de l’usine Synutra et de la friche industrielle Unicopa, symboles du libre-échange et du modèle économique breton qui nous a conduit au pied du mur. Tout cela est le résultat d’une politique menée par l’État depuis des décennies, et issue des préconisations de la FNSEA », martèle-t-il, ajoutant « qu’on a oublié le bon sens paysan ». Julien Tallec déplore aussi « l’artificialisation des meilleures terres du Centre Bretagne pour réaliser la RN164 ».
Dans ses revendications, la Confédération rappelle qu’elle se mobilise « pour demander un changement de cap » : elle réclame notamment un arrêt immédiat des négociations sur les accords de libre-échange, mais aussi que les prix agricoles soient garantis à un niveau supérieur aux coûts de production.
« Je suis en train de crever »
Venu de Langoat (22), Riwal Bourdolous n’aurait pas voulu manquer cette manifestation. « Si je suis là, c’est parce que je suis en train de crever, affirme-t-il. Avec l’explosion du coût des céréales et la dégradation des prix, l’année 2023 a été désastreuse pour moi. J’ai même dû vendre mes cochons en conventionnel car il n’y a plus de débouchés en bio », souligne-t-il. Voilà un an déjà qu’il ne s’est pas dégagé de salaire : « Ça ne peut pas durer comme ça très longtemps, dit-il. J’accuse le gouvernement d’avoir encouragé le bio mais de nous voir abandonnés au bord de la route. Il n’y a aucun suivi ! »
Vincent, membre de l’association d’éducation populaire Réseau salariat, indique pour sa part apporter tout son soutien à la Confédération paysanne et à ses revendications. « Pour nous, comme pour eux, la seule voie viable pour sortir de la crise actuelle est de mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation et d’en finir avec l’agro-industrie capitaliste qui conduit dans une impasse », estime-t-il
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