Par Laetitia JACQ-GALDEANO
Après les fous de Bassan au cours de l’été 2022, les sternes. Depuis la mi-juillet 2023, cette espèce d’oiseaux marins est particulièrement touchée par l’épizootie de grippe aviaire dans une grande partie de la Bretagne sud, du Morbihan au Finistère sud. Pourquoi cette espèce et pas les autres ? Les spécialistes de l’Office français de la biodiversité (OFB) jugent probable l’apparition d’une « souche spécifique » après « mutation du virus ».
Au cœur de l’hiver, quand la grippe aviaire a causé la mort d’1,4 million de poules et mis sous cloche 60 communes des Côtes-d’Armor, premier département avicole français, les spécialistes de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Bretagne (Draaf) préparaient la région à « devoir vivre avec la grippe aviaire ».
Une nouvelle hécatombe estivale tend à leur donner raison. Après avoir décimé 20 000 fous de Bassan aux Sept-Îles, au large de Perros-Guirec (Côtes-d’Armor), durant l’été 2022, voilà que l’épizootie touche durement les sternes dans une grande partie de la Bretagne sud.
Cette infection virale hautement contagieuse, apparue pour la première fois il y a vingt-sept à Hong Kong (Chine), fait des ravages parmi ces oiseaux marins « un peu partout sur le littoral sud de la Bretagne, témoigne Quentin Beyria, de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Dès la mi-juillet, nous avons commencé à recevoir des appels nous signalant des sternes mortes ou agonisantes, notamment dans le Morbihan et le Sud Finistère. Nous continuons à en recevoir et nous dirigeons les découvreurs vers l’Office français de la biodiversité qui récupère les oiseaux pour analyses et équarrissage. Nous leur conseillons aussi de ne pas toucher les oiseaux pour éviter la propagation. »
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« L’épisode épidémique touche à sa fin »
Les vidéos d’animaux mourants envoyées à la ligue de protection des oiseaux (LPO) laissent peu de doute sur la nature de leur mort. « Les tremblements de têtes et parfois les écoulements nasaux sont des signes particuliers », explique Quentin Beyria.
La presqu’île de Rhuys (Morbihan) et l’île aux Moutons, dans l’archipel des Glénan (Finistère), sont particulièrement touchées. Trois cents cadavres d’oiseaux avaient été dénombrés peu avant le 15 août, dans le Morbihan.
Un chiffre bien en deçà de l’hécatombe constatée sur l’île aux Moutons, « l’une des plus importantes colonies du littoral métropolitain », avec environ 2 500 couples de sternes caugek, 140 couples de sternes pierregarin et 30 couples de sternes de Dougall recensés par Bretagne vivante. L’association a tiré la sonnette d’alarme la première, préoccupée par cette « catastrophe » pour la reproduction des sternes, « une espèce particulièrement menacée ».
« Environ 2 000 poussins de sternes ont été retrouvés morts et ramassés , ce qui correspond à la quasi-totalité des jeunes nés cette année, indique Nicolas Ampen, directeur régional adjoint de l’OFB. Les adultes reproducteurs ont en grande partie quitté l’île. L’épisode épidémique touche à sa fin » sur le site dont l’accès a été interdit par la préfecture du Finistère, dès la mi-juillet. Mais, observe Nicolas Ampen, il s’agit là « d’un bilan provisoire ».
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Une mutation du virus
Selon la direction régionale de l’OFB, l’épizootie a également touché « des goélands, dans des proportions bien moindres que l’année dernière, des mouettes rieuses, et, de manière plus anecdotique, d’autres espèces comme le Grand Cormoran ». Aucun cadavre positif de fous de Bassan n’aurait été trouvé cette année.
Pourquoi les sternes semblent-elles plus atteintes que d’autres espèces ? Les spécialistes de l’OFB estiment probable une mutation du virus. Une « souche spécifique » toucherait les sternes cette année de la même façon qu’une « souche spécifique a affecté les goélands et une autre les fous de Bassan ». La solution pour contrer l’épizootie véhiculée par la faune sauvage ? La France compte sur la campagne de vaccination qui débutera début octobre, d’abord par les canards. Une première en Europe.
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