
Lors des questions au gouvernement, le député FI Aly Diouara a dénoncé les contrôles au faciès, sous les huées et quolibets du RN. Lorsqu’il en vient à évoquer son cas, menacé d’un pistolet à impulsion électrique, le ministre François-Noël Buffet lui tourne le dos, sans égard pour son témoignage et minorant son statut de député « de la France insoumise ».
Par Anne BILLOËT.
Le chahut s’est fait entendre jusqu’en dehors de l’hémicycle, alors que le groupe de la France insoumise le quittait. Lors des questions au gouvernement, ce mardi 11 mars, Aly Diouara, député de Seine-Saint-Denis, interpelle le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. « En France, un Noir ou un Arabe a vingt fois plus de risque de se faire contrôler que les autres », commence-t-il à propos des contrôles au faciès.
Avant de raconter sa propre prise à parti, le 26 février dernier, par un policier menaçant lors d’une vérification d’identité. « Tu vas faire quoi si je te tase ? », lui aurait lancé le fonctionnaire. Le ministre délégué Jean-Noël Buffet s’est levé, n’ayant que du mépris à offrir en guise de réponse, sans la moindre considération pour le témoignage du député. Lui qui tourne le dos à Aly Diouara et se tient face au RN, ceux qui « écoutent », ose-t-il.
Des rires venus de l’extrême droite
« Je n’ai pas entendu votre question tellement il y avait de bruit », débute le ministre, en référence aux rires et cris venus de l’extrême droite lorsque le député FI a évoqué les victimes de violences policières, Nahel Merzouk, Cédric Chouviat et Adama Traoré.
Puis, Jean-Noël Buffet en vient au fameux contrôle d’identité du 26 février visant deux personnes, dont l’un a sorti de sa poche « une carte de député de la France insoumise ». « Ne sachant pas à quoi s’attendre », les fonctionnaires ont, dit-il, dégainé leurs pistolets à impulsion électrique, avant de les ranger. « Les deux jeunes gens initialement contrôlés ont été laissés libres », a-t-il précisé.
« C’était raciste, c’était discriminatoire »
Devant la réponse lunaire du ministre, les députés FI ont donc quitté leurs bancs dans le vacarme et les réprimandes de Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale. « Nous n’acceptons pas ce racisme crasse au sein même de cette institution et la Présidente de l’Assemblée nationale doit réagir. Ce qui vient de se passer dans l’hémicycle ne peut pas passer comme cela. C’est un symptôme de ce qui se passe dans toute la société », a dénoncé Mathilde Panot, la présidente du groupe insoumis, devant la presse.
Pour elle, le ministre n’avait pas à faire de distinction entre les parlementaires, tous représentants du peuple français, sans qu’il y ait d’un côté les élus du peuple et de l’autre des sous- « député de la France insoumise ». Aly Diouara a quant à lui affirmé avoir vécu ce mardi « la première question au gouvernement au faciès » : « C’était raciste, c’était discriminatoire. » Le groupe insoumis a indiqué saisir le bureau de l’Assemblée nationale pour que des sanctions soient prononcées.
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