
Près de 1 000 personnes se sont rassemblées ce dimanche pour commémorer l’exécution de vingt-sept prisonniers de guerre dans la carrière la Sablière à Châteaubriant. Parmi eux, des jeunes qui ressentent le besoin de faire leur devoir de mémoire.
C’était il y a quatre-vingt-un ans. En représailles à l’assassinat du colonel allemand Holz, à Nantes, vingt-sept prisonniers de guerre étaient exécutés par les nazis dans la carrière de la Sablière, à Châteaubriant. Ce dimanche après-midi 23 octobre, une cérémonie en leur hommage s’est tenue sur le lieu même où ils ont été fusillés.
Près d’un millier de personnes se sont déplacées pour l’occasion, dont Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, et Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du service national universel (SNU). Une cinquantaine de jeunes étaient également présents, originaires de la région mais pas que.
Devoir de mémoire
Pour ces jeunes, la mémoire des vingt-sept fusillés de Châteaubriant doit être entretenue. « C’est important de prolonger leur mémoire, surtout à l’heure où la guerre ressurgit en Europe et où les nationalismes refont surface », souligne Gabriel, 18 ans, étudiant en histoire à Nantes et militant communiste. À ses côtés, Assan, 26 ans, lui aussi militant communiste, est venu de Paris. « Ces hommes, c’étaient des militants comme nous, pour certains d’entre eux, note l’assistant social. Et ils sont morts pour la France. »
À quelques mètres des vingt-sept portraits des hommes fusillés dans la carrière, Mathias, étudiant de 19 ans à Angers, est venu avec d’autres camarades encartés au PCF comme lui. « Certains fusillés n’étaient pas plus vieux que nous, remarque-t-il. Est-ce qu’on aurait fait pareil à leur place ? »
La commune d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, d’où était originaire le docteur Antoine Pesqué, l’un des vingt-sept fusillés de Châteaubriant, était représentée par un groupe de jeunes de 18 à 25 ans, emmenés par le service jeunesse de la Ville. « À Aubervilliers, il y a un stade Guy-Môquet. Je ne savais pas qui c’était. C’est en venant l’année dernière à Châteaubriant, pour la cérémonie de commémorations, que j’ai appris son histoire. Je me suis senti concerné, car il était jeune comme moi », confie Ayoub 21 ans, en BTS comptabilité gestion.
Quel regard portent-ils sur ce type de commémorations officielles ? « C’est vrai que c’est un peu à l’ancienne, mais c’est ça qui fait République. On se rend compte qu’on fait partie d’une histoire commune », soutient Assan. Fadela, 22 ans, abonde : « Le devoir de mémoire, c’est un devoir citoyen. Quelles que soient ses origines, cela nous concerne tous en tant que Français. »
Hélène BIELAK