
À partir de l’âge pivot de 56 ans, le taux de reprise d’un emploi durable chute, confirme une étude de l’Unédic qui analyse l’accès à l’emploi des allocataires seniors, notamment du fait de discriminations en raison de l’âge. Une preuve de plus que la réforme portant l’âge de la retraite à 64 ans est une usine à chômeurs.
Par Clémentine EVENO.
Malgré les discours volontaristes des partisans du report de l’âge de départ, ce sont bien les rangs des chômeurs seniors que devrait encore gonfler la réforme Borne portant la retraite à 64 ans. À partir de l’âge pivot de 56 ans, le taux de reprise d’un emploi durable chute, confirme une étude de l’Unédic, organisme en charge de piloter l’Assurance chômage, dans la continuité d’un travail publié en 2024 pour le Conseil d’orientation des retraites. Autrement dit : il est plus difficile de retrouver un travail à partir de 56 ans, notamment du fait de la discrimination en raison de l’âge.
Dans cette étude intitulée « Quel accès à l’emploi durable pour les allocataires seniors ? », l’Unédic analyse les profils de 350 000 personnes de 50 à 65 ans inscrites à l’ex-Pôle emploi (aujourd’hui France Travail) en 2022 pour faire valoir leurs droits à indemnisation.
20 % des personnes de 61 ans qui avaient un CDD ont retrouvé un emploi stable
Dans les douze mois suivant leur inscription, en moyenne 28 % des personnes de 50 à 65 ans ont retrouvé un emploi durable (CDI ou CDD de plus de six mois). Mais cette moyenne cache des disparités fonction du parcours de chacun avant la perte d’emploi. Des situations que l’organisme a classées en différents « groupes ». Ainsi, 16 % des salariés qui se sont retrouvés au chômage pour des raisons de « santé » – regroupées sous le nom de groupe « santé » – ont retrouvé un emploi durable. Les allocataires seniors du groupe « CDD » sont 35 %.
Si dès 56 ans la situation devient critique, elle est d’autant plus difficile au fur et à mesure que les intéressés se rapprochent et dépassent la soixantaine, souligne également les Échos qui se sont penchés sur cette étude. Ainsi, le taux d’accès à l’emploi durable passe de 28 % à 14 % entre 50 et 61 ans pour les personnes qui avaient un emploi en « intérim » avant d’être en situation de chômage. Pour le groupe « santé », le taux passe de 26 % à 9 %.
De plus, si 39 % des individus ont retrouvé un emploi à l’âge de 50 ans pour le groupe « CDD », le taux passe à 20 % pour les personnes de 61 ans. Concernant les personnes qui avaient un CDI, l’accès à l’emploi durable dégringole encore davantage, passant de 37 % à 11 %. Parmi ces allocataires précédemment en CDI, ceux qui avaient plus de dix ans d’ancienneté dans leur poste paient un prix particulièrement élevé : l’impact de l’âge sur l’accès à l’emploi durable est encore plus marqué dans leur cas.
Des « raisons discriminatoires »
Face à un tel constat, il est « nécessaire d’identifier les leviers pour améliorer l’emploi des seniors dès les premiers signes de décrochage », indique l’Unédic qui avance des pistes explicatives. « Des raisons discriminatoires sont évoquées dans la littérature, notamment en raison d’une anticipation par les employeurs que les salariés âgés seraient moins productifs », pointe l’organisme. Sans compter que les années d’expérience sont susceptibles de se traduire en niveau de salaire.
Plus de 10 % des personnes interrogées dans le cadre du baromètre 2020 de la Défenseure des droits sur la perception des discriminations dans l’emploi déclarent avoir été discriminées en raison de leur âge.
D’autres pistes sont également relevées, comme celle que les allocataires seniors seraient « de plus en plus nombreux à chercher un emploi flexible avec l’âge ». Ils chercheraient, selon l’organisme, à éviter les emplois pénibles ou d’autres contraintes personnelles du fait de leur santé, à trouver un emploi à proximité de leur domicile, à temps partiel ou à durée limitée, et ils seraient « de moins en moins nombreux à se former avec l’âge ». Ils sont surtout avec la politique des gouvernements successifs de plus en plus nombreux à devoir chercher un emploi à un âge de plus en plus avancé.
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