CHU de Nantes : la médecine du travail alerte sur la souffrance du personnel (OF.fr-7/06/23)

Les grèves ont été nombreuses dans les services ces derniers mois. Autant de manifestations
de la souffrance d’une partie des personnels au CHU de Nantes qui compte 9 600 salariés, plus environ 3 000 médecins ou internes.

Par Philippe GAMBERT

Dans son rapport annuel, rédigé pour 2022, la médecine du travail du CHU de Nantes pointe une augmentation des risques pour la santé mentale et physique des personnels.

Dans son rapport annuel, la médecine du travail du CHU de Nantes sonne à nouveau l’alarme. Une partie du personnel du CHU (9 600 salariés plus environ 3 000 médecins ou internes) est en souffrance dans son travail à l’hôpital public.

Des risques pour la santé mentale et physique en hausse

« Les risques psychosociaux (RPS, c’est-à-dire les risques pour la santé mentale et physique) des personnels restent extrêmement préoccupants, écrivent les médecins du travail. Ils se majorent encore cette année et touchent toutes les catégories socioprofessionnelles, tous secteurs confondus », personnels soignants, administratifs, techniques. Et les cadres, médecins, jeunes ou plus anciens, ne sont pas épargnés.

« Des symptômes de stress, d’anxiété, des troubles du sommeil, des signes de surmenage, d’épuisement physique et psychologique », sont relevés, lors des consultations médicales ou des entretiens  infirmiers ».

Par ailleurs, « les troubles musculo-squelettiques (TMS) persistent et touchent non seulement les personnels paramédicaux – infirmier et aide-soignant – mais aussi les métiers de profil administratif… »

Un absentéisme très élevé en 2022

En parallèle, l’absentéisme maladie a atteint des sommets en 2022. Comme dans l’immense majorité des établissements de santé en France. 288 322 jours d’arrêt pour motifs médicaux ont été comptabilisés au CHU de Nantes, selon le rapport social unique (contre 259 466 jours en 2021). Lueur d’espoir avancée par la direction des ressources humaines ces derniers mois, l’absentéisme, après avoir monté très haut début 2022 (au moment d’un pic du Covid) est en recul. Il est passé sous la barre des 10 % début 2023, alors qu’il s’élevait à 12,63 % en janvier 2022.

Face à cette souffrance, dans certains cas, des professionnels ont décidé de quitter le CHU ou de changer de métier, sachant que la situation est souvent aussi difficile dans les établissements privés. Avec, de surcroît, des salaires plus bas qu’au CHU.

La crise Covid ne suffit plus pour expliquer la hausse des risques psychosociaux

La pandémie du Covid a joué, certes, encore en 2022, sur le nombre d’arrêts maladie. Mais, écrivent les médecins du travail,  la crise Covid ne suffit plus, aujourd’hui, à expliquer l’augmentation des risques psychosociaux constatés ».

Les professionnels évoquent « une majoration de la charge de travail en lien avec le sous-effectif important et chronique ; des dysfonctionnements organisationnels ; une instabilité des équipes. »

ll y a beaucoup de turnover. Et les heures supplémentaires mieux payées – via la plate-forme Hublo – qui ont permis à l’hôpital public de tenir vaille que vaille, notamment l’été dernier, ne sont pas toujours bien acceptées par le reste du personnel.

Perte de sens au travail et de reconnaissance dans l’institution

Face à toutes ces difficultés, la médecine du travail constate, une « perte de sens au travail »,  une perte de confiance dans l’institution ». Des personnels ont l’impression de ne plus être entendus. Les grèves se multiplient et durent parfois des mois. Exemple récent, celui des agents sécurité de l’hôpital Saint-Jacques.

« De plus en plus de professionnels sont en désaccord avec la politique de santé nationale, mais également avec certaines décisions et/ou positions de l’institution », note le rapport.

Face aux constats, quelles initiatives de la direction ?

Le directeur, Philippe El Saïr, a communiqué à plusieurs reprises ces derniers mois sur les réponses du CHU. « L’hôpital, c’est d’abord de l’humain. Le sujet des conditions de travail est essentiel, majeur », affirmait-il le 29 mars 2022. À l’époque, dans le cadre d’un accord Ségur 2, passé avec tous les syndicats, sauf Sud santé, il annonçait la titularisation de plusieurs centaines de contractuels, l’achat de rails de plafond (pour réduire les troubles musculo-squelettiques), la création de postes de suppléances supplémentaires. D’évidence, ces mesures ne suffisent pas.

Depuis le 4 avril dernier, pour améliorer les conditions de travail, la direction a décidé, sur proposition du syndicat Acteurs Santé (CFE/CGC) de tester la semaine de quatre jours, neuf heures par jour dans une unité de soins. Le test doit démarrer à l’automne prochain.

Source: https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/chu-de-nantes-la-medecine-du-travail-alerte-sur-la-souffrance-du-personnel-53cbe404-0535-11ee-a82c-9672aa278afa

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