Un demi-siècle d’occupation.
En août 1974 l’armée turque envahissait et occupait la République de Chypre. Depuis donc 50 ans elle y est toujours coupant l’île en deux. Chypre était composée de deux communautés: une majorité grecque et une minorité turque. Cela durait depuis longtemps et sans problème majeur.
Comment en est-on arrivé là ?
La junte fascisto-étasunienne au pouvoir à Athènes (depuis 1967) fut sollicitée par ses patrons de Washington pour renverser le président chypriote Makarios qui adoptait des positions non-alignées et prenait langue avec l’Union soviétique. Il voulait préserver l’indépendance de l’île face aux appétits impérialistes des Etats-Unis.
Aussitôt la junte des colonels s’est appuyée sur des bandes fascistes à sa botte, attisant le nationalisme avec le thème de l’Enosis, la réunification de Chypre avec la mère-patrie grecque et se livrant à des crimes contre les Chypriotes turcs. Puis en tentant un coup d’Etat dont le but était d’assassiner Makarios et d’ instaurer la dictature fasciste d’Athènes à la botte de la Maison Blanche à Nicosie.
Ce fut un fiasco total. Makarios échappa à la mort et le putsch fit pschitt.
Cet échec fut l’une des causes de la chute de la dictature à Athènes quelques semaines plus tard.
Les États-Unis n’étant pas parvenus à renverser Makarios décidèrent de l’affaiblir en s’appuyant cette fois sur la Turquie. Elle donna le feu vert à l’invasion de l’île prétextant la protection de la minorité turque qui avait subi les attaques des fascistes grecs.
L’opération Attila se déploya, massacrant et faisant disparaître de nombreux Grecs au nord de l’île et organisant l’épuration ethnique des Grecs chassés vers le sud qui devint une zone grecque, les Turcs chypriotes restant au nord et fondant sur ordre d’Ankara une république turque que personne, hormis la Turquie, ne reconnut.
Chypre est depuis coupée en deux, occupée par la Turquie. Inutile de dire que le régime autoritaire et fascistoïde d’Erdogan n’a rien arrangé. Ce dernier multiple les provocations suscitant même l’opposition des Chypriotes turcs qui refusent l’aventurisme nationaliste d’Erdogan.
Chypre est membre de l’UE mais il semble que les hautes autorités de Bruxelles se fichent éperdument du droit international et de l’indépendance d’un pays membre occupé par une armée étrangère, occupation cent fois condamnée par l’ONU.
Signalons une incongruité politique, mais forgée par l’histoire de Chypre. Le parti communiste AKEL reste influent. Son candidat à la présidentielle a obtenu 48% des voix au deuxième tour, il obtient autour des 25% aux législatives et 27% aux européennes. Il a fait élire comme député européen un Chypriote turc au grand dam des nationalistes des deux communautés. L’AKEL milite pour la création d’un État fédéral dans lequel cohabiteraient les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs.
Auteur : Antoine Manessis
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