Photo de famille, RN, Larsonneur… Quels sont les enseignements à retenir du second tour des législatives à Brest (Finistère) ? On fait le point.
Par Mickaël LOUEDEC
La photo de famille
Le cliché est fort. Après avoir connu de vives tensions (le maire socialiste de Brest, François Cuillandre, avait tout de même arraché une affiche de campagne de Pierre-Yves Cadalen en 2022), la gauche brestoise a affiché son unité au soir du second tour des législatives. Autour de Pierre-Yves Cadalen (LFI), fraîchement élu député, et de François Cuillandre, on retrouvait presque toutes les composantes de la majorité municipale : communistes, écologistes, socialistes, membres de Génération. s et de l’UDB… Le député et le maire ont même échangé une poignée de mains. De quoi offrir des perspectives d’avenir pour la gauche brestoise ? De quoi imaginer des ententes pour les échéances électorales à venir ? Prudence. Les amis d’aujourd’hui ne sont pas forcément ceux de demain. Et l’unité affichée sera forcément menacée quand sonnera l’heure des municipales, en 2026.
La photo de famille (bis)
Toute la gauche brestoise s’est donc affichée unie, ce dimanche 7 juillet. Toute ? Non. Sur la photo, notons au moins l’absence de Fortuné Pellicano. Le leader des élus PRG avait fait savoir qu’il voterait pour Didier Le Gac (Ensemble) dans la troisième circonscription du Finistère. Sur la deuxième (Brest-centre), il était resté silencieux. Il n’a jamais fait de mystère à ce sujet : pour lui, il est hors de question de faire alliance avec LFI en vue des scrutins futurs.
Cadalen en net progrès
En totalisant un peu plus de 41 % des suffrages au soir du second tour, Pierre-Yves Cadalen fait probablement mieux que ce qu’il espérait. Il faut dire que les calculs des fameux reports de voix n’incitaient pas ses partisans à la confiance. Et pourtant… Il y a fort à parier qu’il est allé chercher des bulletins de vote un peu partout, y compris là où il ne s’attendait pas à en trouver. Effet inverse pour Jean-Charles Larsonneur : le report des voix de Tristan Bréhier (Ensemble), quatrième au premier tour, n’a sans doute pas fonctionné à plein. Il plafonne à 35,68 % au second tour.
Le baiser de la mort ?
Dans l’entre-deux tours, chacun a cherché ses soutiens. Pierre Maille et François Cuillandre ont bien aidé Pierre-Yves Cadalen, qui a pu « modérer » son image. Jean-Charles Larsonneur, lui, a marqué des points en remportant l’adhésion des maires de Gouesnou, Bohars et Guilers. Mais il y a aussi les soutiens inattendus. Ceux dont on se passerait presque. Le fameux « Berger du quartier », populaire sur les réseaux sociaux, a appelé à voter Jean-Charles Larsonneur, qui ne lui avait probablement rien demandé. En dénigrant Pierre-Yves Cadalen et la gauche d’une manière générale, le « Berger » est sorti du bois. Son combat est désormais clairement politisé. Mais l’internaute n’a pas l’image d’un modéré. Au contraire. Son soutien a pu se montrer contre-productif pour Larsonneur.
Et le RN dans tout ça ?
Le candidat RN Denis Kervella peut légitimement afficher sa déception. De 12 065 voix au premier tour, il passe à 12 567 une semaine plus tard. De ce côté-là, le plafond de verre est atteint. Mais la base est là, fidèle, et elle pèse de plus en plus lourd.
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