Colère des agriculteurs. « On manifeste pour nos enfants » : ils disent leur ras-le-bol à Carhaix (OF.fr-24/01/24)

L’agricultrice Maryline Le Loch avec sa fille Lyla, 2 ans et demi dans les bras, lors de la manifestation à Carhaix, dans la soirée du mercredi 24 janvier 2024. | OUEST-FRANCE

En début de soirée, mercredi 24 janvier 2024, une centaine d’agriculteurs rassemblés ont positionné une vingtaine de tracteurs le long de la RN164, dans les deux sens de circulation, à Carhaix (Finistère). Ils sont prêts à investir l’échangeur de Kerdivoal pour « une durée indéterminée », affirme la FDSEA qui encadre la manifestation localement aux côtés du syndicat des Jeunes Agriculteurs.

Par Victoria GEFFARD.

Il est 18 h 30. Les déviations pour sécuriser les voies sont en place. Les agriculteurs, eux, ne dévient pas de leur objectif : bloquer l’échangeur de Kerdivoal sur la RN164, point névralgique à Carhaix qui envoie soit vers Châteaulin, soit vers Rennes. Après les mobilisations du jour à Morlaix, à Brest et à Quimper, une vingtaine de tracteurs se sont alignés le long de la 2×2 voies. Environ une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA).

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Parmi eux, Lénaïck Bertrand, installé depuis 1998 en élevage de volailles à Maël-Carhaix, dans les Côtes-d’Armor. Il s’indigne : « Il y a trop de contrôles en biosécurité et sur l’environnement. On ne voit que ces contrôleurs et les techniciens qui nous aident, les para-agricoles ».

Lénaïck Bertrand et Téo Bertrand, père et fils, qui sont venus de Maël-Carhaix (Finistère) pour manifester. | OUEST-FRANCE

À ses côtés, son fils de 20 ans, Téo, a l’intention de reprendre l’exploitation agricole. « Je le soutiens dans ce projet, reprend son père, je manifeste ce soir car je pense à la nouvelle génération d’agriculteurs. Je n’ai pas envie de leur mettre la corde au cou ». Des mots très forts qui mettent en lumière des conditions de travail devenues difficiles pour ce professionnel, qui avait aussi manifesté lors du mouvement des Bonnets rouges et pour les salariés des abattoirs de volailles de Tilly-Sabco à Guerlesquin (Finistère).

Une vingtaine de tracteurs se sont positionnés pour barrer la RN164 dans les deux sens de Châteaulin – Rennes, à Carhaix. | OUEST-FRANCE
Vers 19 h, les manifestants ont allumé un feu sur le bord de la RN164 à Carhaix, mercredi 24 janvier 2024. | OUEST-FRANCE

« En 25 ans, j’ai cumulé seulement dix semaines de vacances en tout. Avec un rythme de 60 heures par semaine. Ce n’est pas une vie. Il faut faire face aussi à plusieurs défis : le manque d’eau, l’énergie, l’environnement. »

Un peu plus loin, Vincent Le Bourg, 27 ans, travaille sur une ferme de vaches laitières avec ses parents à Poullaouen (Finistère), depuis cinq ans. « Il y a beaucoup à dire sur les raisons de la mobilisation, commence-t-il en marquant une courte pause. Avant de reprendre le fil de sa pensée : « On vend du lait pour pas en gagner grand-chose comme éleveur. On limite au maximum les coûts. Mais le prix du gasoil, de l’eau et de l’énergie ont beaucoup augmenté. Il y a toujours une tension sur ces intrants dont on a besoin ».

Les tracteurs sont en travers des voies de la RN164 à Carhaix depuis ce mercredi 24 janvier, en soirée. | OUEST-FRANCE

« Le campement se met en place pour cette nuit, et même pour plusieurs jours », pose Yann Manac’h, président FDSEA du canton de Carhaix, entre deux allers-retours sur le blocage. Un grand feu jaillit sur le bord de la RN164. Plusieurs agriculteurs l’alimentent en pneus et en palette de bois.

« Les producteurs français sont dépassés par toutes les taxes »

Maryline Le Loch, éleveuse de volailles à Motreff (Finistère), a rejoint le blocage. Elle porte dans ses bras, sa fille de 2 ans et demi, Lyla. Seuls les gyrophares des engins agricoles éclairent leurs visages. « Mon mari et mon fils sont dans un des tracteurs. On manifeste pour nos enfants », glisse-t-elle.

Elle continue : « Cette colère des agriculteurs s’étend au milieu de la pêche parce qu’on exporte et qu’on importe des produits étrangers si bien que les pêcheurs et les producteurs français sont dépassés par toutes les taxes. Le prix des carburants est trop élevé, les charges trop lourdes. » Ils envisagent de bloquer le rond-point de l’axe Lorient-Roscoff en contrebas. Demain, dès l’aube à l’heure où se réveille la campagne, ils seront sûrement là, à bloquer pour se faire entendre.

Source: https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/colere-des-agriculteurs-on-manifeste-pour-nos-enfants-ils-disent-leur-ras-le-bol-a-carhaix-b139e260-baea-11ee-afe8-d81ceac7fa4c

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/colere-des-agriculteurs-on-manifeste-pour-nos-enfants-ils-disent-leur-ras-le-bol-a-carhaix-of-fr-24-01-24/

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