
Une justice poétique opère. Brûler la maison – de l’intérieur. Quant à la Majorité Mondiale souveraine émergente, réjouissez-vous, et montez dans le train à grande vitesse de la dédollarisation.
👁🗨 Comment la frénésie tarifaire de Trump met le feu aux poudres
Par Pepe Escobar, le 3 avril 2025
Majorité Mondiale, réjouissez-vous ! Et montez dans le train de la dé-dollarisation à grande vitesse.
Le tarif Tizzy [TTT : Trump’s Tariff Tizzy] du Monsieur Loyal du cirque Trump, qu’il baptise lui-même “Jour de la libération”, est largement interprété dans le monde entier – au Nord comme au Sud – comme le Jour de l’abattoir.
Cette stratégie de dévastation économique incontrôlée part de l’idée fausse que lancer une guerre douanière contre la Chine est une brillante idée. Aussi brillante que de collecter quelques milliers de milliards de dollars supplémentaires en droits de douane en supposant que le reste de la planète sera quelque peu “encouragé” à vendre à l’hégémon, tout en prétendant que ces droits de douane permettront la réindustrialisation des États-Unis.
Le masque tragi-comique du Monsieur Loyal autoproclamé du capitalisme turbo peut être aussi pathétique que la rage des chihuahuas européens cherchant à prendre leur “revanche” via le réarmement – avec des fonds qu’ils prévoient de voler sur les comptes d’épargne de citoyens peu méfiants.
L’incontournable Michael Hudson a cerné le problème clé. Permettez-moi de nuancer quelque peu :
“Les sanctions et les menaces sont la seule arme qui reste aux États-Unis. Ils ne peuvent plus offrir à d’autres pays de situation gagnant-gagnant, et Trump a déclaré que l’Amérique se doit d’être le gagnant net de tout accord international conclu, qu’il s’agisse d’un accord financier ou commercial. Et si l’Amérique dit : ‘Quel que soit l’accord que nous concluons, vous perdez, j’y gagne’”,
la tactique d’extorsion à la mafieuse ne reflète pas exactement l’Art de la négociation.
Le professeur Hudson décrit parfaitement les tactiques de négociation de Trump :
“Lorsque vous n’avez pas grand-chose à offrir sur le plan économique, tout ce que vous pouvez faire, c’est proposer de ne pas nuire à d’autres nations, de ne pas les sanctionner, de ne pas agir contre leurs intérêts”.
Aujourd’hui, avec le TTT, Trump “propose” en fait de leur nuire à tous. Et ils vont certainement investir dans toutes sortes de contre-tactiques pour “échapper” à cette “stratégie” de “diplomatie” américaine.
Guerre commerciale avec l’Asie
Le TTT attaque tout le monde, en particulier l’UE (“née pour nous nuire”, selon le Monsieur Loyal du cirque. Faux, car l’UE a été inventée par les Américains en 1957 pour garder l’Europe sous contrôle). L’UE exporte environ 503 milliards d’euros vers les États-Unis par an, tout en en important environ 347 milliards. Trump fulmine sans cesse à propos de cet excédent.
Une vendetta de contre-mesures sera donc inévitable, comme l’a déjà annoncé la toxique Medusa von den Lügen à Bruxelles, qui est d’ailleurs la marraine de tous les producteurs d’armes en Europe.
Pourtant, le TTT est avant tout une guerre commerciale contre l’Asie. Des droits de douane “de réciprocité” – pas vraiment réciproques – ont été imposés à la Chine (34 %), au Vietnam (46 %), à l’Inde (26 %), à l’Indonésie (32 %), au Cambodge (49 %), à la Malaisie (24 %), à la Corée du Sud (25 %), à la Thaïlande (36 %), au Myanmar (44 %), frappé par le tremblement de terre, à Taïwan (32 %) et au Japon (24 %).
Eh bien, avant même le TTT, une première a été réalisée : le Monsieur Loyal du cirque a généré un consensus sans précédent entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud quant à la coordination de leur réponse.
Le Japon et la Corée du Sud importeront des matières premières semi-conductrices de Chine, tandis que la Chine achètera des puces au Japon et à la Corée du Sud. Traduction : le TTT renforcera la “coopération de la chaîne d’approvisionnement” entre cette triade qui, jusqu’à présent, n’était pas vraiment très coopérative.
Ce que le Monsieur Loyal du cirque veut vraiment, c’est un mécanisme à toute épreuve – déjà en cours de développement par son équipe – qui impose unilatéralement le niveau de droits de douane que Trump voudra bien imposer, quel que soit le prétexte invoqué : contourner la “manipulation des taux de change”, contrer une taxe sur la valeur ajoutée, pour des “raisons de sécurité”, que sais-je encore. Et au diable le droit international. À toutes fins pratiques, Trump enterre l’OMC [Organisation mondiale du commerce].
Même les manchots taxés de l’île Heard, dans le Pacifique Sud, savent que les effets attestés du TTT incluront une hausse de l’inflation aux États-Unis, de graves difficultés pour ses entreprises délocalisées et, surtout, l’effondrement complet de la “crédibilité” américaine en tant que partenaire commercial fiable et digne de confiance, ce qui viendra s’ajouter à sa réputation attestée “d’incapacité à conclure des accords”, comme le Sud global le sait si bien. Un empire de rentiers FIRE (financement, assurance, immobilier, comme l’a magistralement analysé Michael Hudson), qui a délocalisé ses industries manufacturières et a été englouti par toute une série de fonds spéculatifs surendettés, de produits dérivés de Wall Street et de surveillance totalitaire de la Silicon Valley, a finalement décidé de s’autodétruire.
Une justice poétique opère. Brûler la maison – de l’intérieur. Quant à la Majorité Mondiale souveraine émergente, réjouissez-vous, et montez dans le train à grande vitesse de la dédollarisation.
Source originale :
Source en français : https://ssofidelis.substack.com/p/comment-la-frenesie-tarifaire-de
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/comment-la-frenesie-tarifaire-de-trump-met-le-feu-aux-poudres-sofs-03-04-25/