
La Bretagne ne produit pas de munitions, mais des navires et des avions de combat. Des activités portées par la situation géopolitique et les ambitions de réarmement, en France comme à l’export.
Par Jean LE BORGNE.
À Bergerac (Dordogne), le 11 avril, le président de la République appelait les industriels de l’armement à un effort pour produire davantage et plus rapidement, face à la guerre en Ukraine et dans le contexte de réarmement mondial. Si des réflexions ont pu voir le jour sur la fabrication d’obus, à Caudan (56), ou de munitions de petits calibres, à Pont-de-Buis (29), l’appel ne concerne pas directement la Bretagne.
Dans la région, les grands groupes industriels de la défense enregistrent pourtant une forte croissance d’activité, ces derniers mois. Safran, Thales et Naval Group entraînent, dans leur sillage, un grand nombre de PME. Près de 390 entreprises bretonnes travaillent pour le secteur de la défense, synonymes de quelque 27 000 emplois, selon une étude commandée, en 2021, par la chambre de commerce et d’industrie de Bretagne.
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La géopolitique en question ?
À Brest (29) et Étrelles (35), les deux sites de Thales profitent, notamment, à plein du succès du programme Rafale – l’avion de combat de Dassault – et continuent à recruter. Mais sans lien direct avec la situation géopolitique du moment.
Une reprise du réarmement et un développement de l’industrie de Défense que Josselin Droff, chercheur à la chaire économie de Défense à l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN), explique par plusieurs facteurs : « D’abord du fait de la lutte contre les organisations terroristes. Ensuite, pour les pays émergents, comme l’Inde ou le Brésil, cette politique de réarmement accompagne la croissance de leur PIB. »
SNLE, porte-avions…
À l’heure où le gouvernement est contraint d’arbitrer ses dépenses pour limiter son déficit, la situation géopolitique pèse dans la balance. Pour la commande publique française, « on est davantage dans une forme de sécurisation de la loi de programmation militaire 2024-2030 que dans de nouvelles commandes », tempère l’expert.
C’est le cas, notamment, en matière de dissuasion, du côté de Naval group, avec le lancement des études pour la troisième génération de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. La confirmation de la construction, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), du nouveau porte-avions a aussi été une bonne nouvelle : « ce chantier concerne des milliers d’emplois dans le grand Ouest en général. Tout cela forme une sorte de continuum du tissu industriel et, notamment, des sous-traitants. »
De gros besoins de main-d’œuvre
La Défense redevenue une des priorités des gouvernements, les projets s’accélèrent. C’est le cas avec la commande de sous-marins Barracuda par les Pays-Bas qui fait suite aux programmes des frégates et des navires de lutte contre les mines, construits par les chantiers Piriou et Naval group.
S’y ajoute la maintenance en condition opérationnelle des bases militaires. « Ce sont, par exemple, des millions d’euros, chaque année, dans les infrastructures de l’île Longue, même pour le BTP », souligne Josselin Droff.
Pour toutes ces entreprises, le sujet, aujourd’hui, « c’est le recrutement », souligne David Duval, le directeur délégué de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Bretagne. La métallurgie, 80 % des entreprises industrielles du secteur de la défense, devrait à nouveau embaucher près de 6 000 personnes, toutes activités confondues, cette année en Bretagne.
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